
[Vitrine du Cameroun] – Le coordonnateur national du Syndicat national des exploitants des débits de boissons du Cameroun (Synedebocam), estime que la régulation des tarifs des produits boissons ne dépend ni des sociétés brassicoles, ni du ministère du commerce, mais du consommateur qui décide du standard et du lieu où il consomme.
Exaspéré par la modification unilatérale des prix par les tenanciers des débits de boissons, le ministre du commerce a ordonné la mise sous scellé des contrevenants à homologation. Depuis le 04 Novembre c’est une véritable chasse à l’homme : les agents du ministère du commerce sillonnent les quartiers pour exiger le respect du prix public concédé.
Cette énième crise entre le ministre et les acteurs du secteur brassicole n’est pas un bras de fer comme pourrait le laisser croire les médias qui dans leurs communications peuvent mettre de l’huile sur le feu en ne tenant pas compte de la catégorisation des acteurs de la distribution.
Cette nouvelle crise prend sa source d’une volonté des acteurs du secteur brassicole d’opérer une répartition équitable des bénéfices des majorations opérées depuis bientôt un an. L’inflation et la hausse généralisée des prix de produits de grande consommation avait oblige les distributeurs à facturer des frais d’enlèvement aux tenanciers des débits de boisson. Faisant payer aux détaillants lors des enlèvements, des frais de chargement pour la manutention, ce qui a eu une incidence directe sur les prix. Dans les débits de boissons, ces frais de chargement étaient répercutés sur le prix proposé aux clients, majorant parfois jusqu’à 20 % du prix recommande.
Les producteurs lésés
La pandémie du covid 19 a eu de graves conséquences sur l’économie mondiale, tous les secteurs productifs en ont pris un coup. L’envolée des prix n’a épargné personne, à l’exception de l’industrie brassicole qui peine à convaincre les pouvoirs publics de l’importance d’une augmentation des prix, qui pourtant au niveau de la chaine de distribution ont connu une hausse. Il fallait trouver un terrain d’entente pour permettre à tous les acteurs de souffler.
Un terrain d’entente
Grossistes, détaillant, producteurs se sont réunis pour permettre à toute la chaine de tirer profil de la hausse validée il y a longtemps par les consommateurs. Ce qui en d’autres termes signifie qu’il n’y a pas eu augmentation des prix, mais plutôt un mécanisme de stabilisation des prix et de partage équitable des avantages du marché.
« L’instauration des frais de chargement vise donc à rétablir une certaine équité dans la filière en faisant désormais payer aux distributeurs des frais qu’ils appliquent aux détaillants depuis des années sans que les brasseurs ne les leur imputent. » explique un acteur du secteur de la distribution. Il y a aucune augmentation des prix.
Valery Nteindie est coordonnateur national du Syndicat national des exploitants des débits de boissons du Cameroun (Synedebocam), il explique « Aujourd’hui on peut réellement parler de consensus sur l’augmentations de la bière pour des frais d’enlèvement. Tous les acteurs qui existent dans le secteur ont donné leur accord pour l’augmentation de ces frais d’enlèvements. Il était assez compréhensible qu’on essaye de trouver les palliatifs, des compromis afin que l’industrie brassicole ne meure pas. Nous avons des éléments que depuis quelques années il y a eu de sévères crises, des tensions, des pénuries de boissons. On a donné la possibilité aux brasseries de prendre dans une niche qu’on s’était déjà créé, et ceci au grand dam du consommateur finale qui, avec le retour à la production pourra boire un produit de son choix, on ne sera plus dans le régime de gout forcé »
Les distributeurs véreux
Apres le consensus entre acteurs du secteur, certains opérateurs véreux ont immédiatement procédé à des hausses de prix, ce qui a provoqué la colère du ministre du commerce ; d’où les mises sous scellés. Les prix publics conseillés concernent les ventes à emporter et non les ventes à consommer sur place. Cette différence est importante dans la mesure où les ventes à consommer sur place facturent au-delà de la bière, des services, et les prix diffèrent selon le niveau de confort proposé aux clients. Aucun restaurant ne propose la bière à 650 FCFA, il facture au client son espace climatisé, et toutes les charge qui améliorent le confort de ses derniers.
« Nous disons aussi que ni les sociétés brassicoles, ni le ministère du commerce ne sont les gendarmes dans les ventes à consommer sur place ou le seul régulateur c’est le consommateur, c’est lui qui décide. Pendant qu’on vendait la bière à 700 il y a la « Magnan » qui coutait 500 FCFA, et pour autant il n’était pas plus demandé. Même quand vous êtes dans le même bar il y a ceux qui préfèrent la Isenbeck à 850 FCFA, c’est juste un standard. Si vous êtes dans une rue où il y a deux bars face à face c’est le consommateur qui décide du standard dans lequel il doit boire la bière. » Explique Valery Nteindie
