[Vitrine du Cameroun] – Et si le salut énergétique des ménages camerounais venait du ciel ? Et plus précisément du soleil qui y brille plus continuellement que nos ampoules éclairées par intermittence du fait des délestages au Cameroun. Avec en bonus, l’avantage d’une transition énergétique propre et écologique.
Eugénie, femme entrepreneure résidant au quartier Village à Douala est désespérée. Après avoir reçu une commande de 100 bouteilles de jus de baobab, elle s’est investie en temps et en argent avec une avance faite par le client pour produire et conserver les 100 bouteilles de jus au frais dans le frigidaire. Malheureusement, une coupure d’électricité qui a duré 48 heures d’affilée a perturbé la bonne conservation du jus de baobab qui s’est fermenté et est désormais impropre à la consommation. Ce qui représente un manque à gagner de 300.000FCFA pour Eugénie qui va devoir également géré la réclamation de son client insatisfait qui lui avait pourtant fait une avance de la moitié de la commande.
Ainsi va la vie des femmes de ménage camerounaises qui, conciliant leurs obligations familiales à une initiative entrepreneuriale, sont court-circuitées par le caractère incertain de la production d’électricité au Cameroun qui si l’on en croit les déclarations des autorités publiques, subit les déboires de l’étiage de nos cours d’eau qui traversent les barrages hydroélectriques qui fournissent le Réseau Interconnecté Sud en électricité. Du coup, les centrales thermiques fonctionnant au fuel et au gaz tournent à plein régime ces dernières semaines. Or dans ce dernier cas, il s’agit d’énergies fossiles qui, en plus d’avoir l’inconvénient d’être coûteuses, sont aussi nocives pour l’environnement car sources de pollution, notamment de pollution atmosphérique principalement.
C’est dans cette impasse que l’énergie solaire se propose comme une réponse et une option à la crise énergétique du Cameroun. Selon l’écrivain camerounais Bertrand Moudze Kamga, technicien certifié en énergie solaire et auteur du livre Energie solaire : un avenir lumineux au Cameroun, « le solaire est le remède sans effets secondaires contre les délestages au Cameroun ». Il affirme en effet que l’énergie solaire peut procurer aux ménages une énergie continue, dans un pays ensoleillé quasi-quotidiennement comme le nôtre, y compris en saison pluvieuse. Et en plus de cette disponibilité permanente en énergie, le solaire, contrairement à ses concurrents (pétrole, gaz, énergie nucléaire…) ne pollue pas l’environnement. Ou presque.
Mais déjà qu’est-ce que l’énergie solaire. Il s’agit d’une source d’énergie qui dépend du soleil. Cette énergie permet de fabriquer de l’électricité à partir de panneaux photovoltaïques ou de centrales solaires thermiques, grâce à la lumière du soleil captée par les panneaux solaires. L’énergie solaire est propre, n’émet aucun gaz à effet de serre et sa matière première, le soleil bien que distant de plus de 150 millions de kilomètres de nous, est gratuite, inépuisable et disponible partout dans le monde.
Trois éléments sont nécessaires à une installation photovoltaïque : des panneaux solaires, un onduleur et un compteur. Ces trois éléments permettent de récupérer l’énergie transmise par le soleil, de la transformer en électricité puis de la distribuer à l’ensemble des clients connectés au réseau. Les panneaux solaires convertissent directement la lumière en courant électrique continu, l’onduleur permet ensuite de transformer l’électricité obtenue en courant alternatif compatible avec le réseau et le compteur mesure la quantité de courant injectée dans le réseau.
Le Cameroun compte s’investir davantage dans le secteur de l’énergie solaire. Il dispose déjà d’une capacité installée de 30.6 Mégawatts qui le situe parmi les rares pays d’Afrique producteurs d’énergie solaire de masse. Après l’inauguration des centrales solaires de Guider (15MW) et de Maroua (15MW) qui ont injecté leurs premiers KWh dans le réseau en février 2022, il est question précisément de porter la capacité de production de l’énergie solaire du Cameroun à 250 MW à l’horizon 2030. Les sites de Garoua, Ngaoundéré, Kousseri et Lagdo sont annoncés par le Ministre de l’Eau et de l’Energie pour accueillir les prochaines centrales d’énergie solaire.
Les ménages également peuvent prendre les devants en se dotant de leur autonomie énergétique via l’énergie solaire. Selon l’écrivain et expert en énergie solaire Bertrand Moudze Kamga, les prix varient en fonction de la consommation des différents équipements du ménage en électricité. Pour une consommation de 1000Watts, il faut compter un budget de 600.000 Fcfa environ pour se faire installer des panneaux solaires, montant qui peut aller jusqu’à 2.500.000 Fcfa pour 3.000 Watts de consommation. Toutefois, il préconise pour les ménages de solliciter l’expertise d’un technicien pour réaliser un devis plus précis. Toute chose qui permettra à Eugénie ainsi qu’à toutes les femmes de pouvoir conserver leurs denrées alimentaires en toute sécurité dans des frigidaires sans craindre des coupures intempestives d’électricité.
Leonel Akosso est un journaliste camerounais en service à Radio Veritas, Douala. Il est spécialisé dans le traitement de l’actualité environnementale. Il anime notamment dans ce média la chronique matinale « Espace Écologique ». Diplômé de l’ESSEC de Douala, il est auteur d’un essai avec pour titre « Réflexions écologiques »