[Vitrine du Cameroun] – « L’intelligence artificielle en Afrique : défis et opportunités à relever ». C’est sous ce thème que le bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a animé un webinaire le 2 octobre 2024.
Les échanges modérés par Zacharie Roger Mbarga (Communications Officer du bureau Afrique centrale) ont braqué les projecteurs sur l’Intelligence Artificielle (IA) qui révolutionne les économies et les sociétés mondiales, au point où le continent africain veut faire partie de sa chaîne de valeurs pour en tirer parti. Selon PricewaterhouseCooper (PwC), l’IA pourrait contribuer jusqu’à 1,5 billon de dollars au PIB africain d’ici 2032, soit une augmentation de 5,6% du PIB du continent.
Dans sa prise de parole, le directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA, Jean-Luc Mastaki, a indiqué qu’alors que l’Afrique s’engage sur la voie de l’industrialisation et de la transformation structurelle de ses économies, l’utilisation efficace de l’IA peut contribuer à réaliser des gains de productivité, favoriser la transformation numérique et la compétitivité des économies africaines. A l’heure de la quatrième révolution industrielle, il a rappelé que l’IA est un dispositif important dans la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Dans ce sillage, notre source voit notamment en l’IA un moyen d’améliorer la traçabilité des produits qui font l’objet d’échanges commerciaux.
Intelligence artificielle : l’incontournable !
A en croire Laurent D’Aronco Guiseppe Renzo, économiste au bureau sous-régional pour l’Afrique centrale l’IA est une technologie incontournable pour relever les défis de diversification économique. Que ce soit dans la Silicon Valley ou dans l’arrière-pays, l’IA concerne tout le monde. « La transformation numérique est essentielle pour moderniser les économie africaines », a-t-il précisé. Tout en communiquant quelques chiffres, il a réitéré le rôle croissant de l’IA. Son déploiement permet de générer 20 000 milliards d’opérations par seconde. Parmi les 10 sociétés de capitalisation boursière, cinq sont des sociétés du numérique. Convoquant une déclaration faite par Elon Musk dans Fox Business cette année, notre source révèle que d’ici 2038, un milliard de robots humanoïdes pourraient rivaliser avec les humains dans le monde du travail.
Sur la taille du marché de l’IA, l’on constate qu’en 2017, il représentait 15 milliards de dollars US du PIB estimé de l’Afrique. En 2023, ce marché est passé à 120 milliards de dollars US, soit 5% du PIB estimé de l’Afrique. Les prévisions de 2030 font état de 1581,7 milliards de dollars US, soit 35% du PIB estimé de l’Afrique. Par ailleurs, selon les précisions faites par Goldman Sachs en 2023, 300 millions d’emplois vont être automatisés. Dans un tel environnement, il devient difficile de se passer de l’intelligence artificielle.
Jean-Paul Adam du Secrétariat général des nations Unies (SGNU) enfonce le clou sur la nécessité de l’IA comme outil pour prendre des décisions rapides et efficaces, pour prévoir la demande en énergie électrique, anticiper sur les niveaux de consommation d’énergie, entre autres. A condition, fait-il observer de créer un environnement propice, de créer des mesures incitatives et surtout d’assurer une forte participation des femmes dans le secteur pour adresser les questions d’égalité de genres.
Au moment où le Cameroun s’apprête à abriter la session conjointe du Comité intergouvernemental des hauts fonctionnaires et d’experts de la CEA, prévue du 15 au 18 octobre 2024 à Yaoundé, le fait pour l’IA de s’inviter aux débats est un enjeu à capitaliser, selon le chef de section des initiatives sous-régionales au bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale, Dr. Adama Ekberg Coulibaly. Ce d’autant plus que les échanges remettent sur la table la nécessité d’investir dans les compétences et la recherche, avec l’idée de mettre en place un centre de compétences régional pour capter les bienfaits de ce savoir technologique.
L’urgence des mesures d’adaptation pour ne pas rater le train de l’IA
En perspective, les experts estiment qu’il est nécessaire de capter toutes les opportunités autour de l’IA en Afrique. Pour ce faire, il serait important de favoriser de nouveaux domaines d’activités, comme la santé, l’agriculture de précision, les services financiers décentralisés. Non sans accompagner le défi démographique du continent qui doit créer 20 millions d’emplois au cours des 20 prochaines années selon les prévisions 2023 du FMI.
Les gouvernements africains doivent en outre élaborer des stratégies nationales ambitieuses en matière d’IA, avec des objectifs chiffrés et un financement dédié. Le lancement des programmes formation aux métiers serait aussi à adresser pour combler le déficit de compétences. L’un des partenaires de la CEA, Human AI, va plus loin en évoquant la mise en place des formations adaptées spécifiques aux besoins du marché local, le développement des cursus de licence et de master, la sensibilisation des entreprises sur l’investissement dans le secteur pour valoriser les talents locaux.
Son président fondateur, Jérôme Ribeiro annonce que plus de 200 startups ont déjà été accompagnée, avec l’objectif de transformer durablement l’Afrique grâce à l’IA, afin que personne ne soit laissée de côté, pour être en phase avec 17 Objectifs de Développement durable (ODD). Un autre partenaire, l’Agence française de développement (AFD) veut saisir la balle au rebond. A en croire Peter Martey Addo, Lead Data Scientist au groupe français, il est d’ailleurs prévu un Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, prévu du 10 au 11 février 2025 à Paris. Pour notre source, l’IA peut faciliter l’inclusion financière, à condition qu’il y ait une bonne volonté politique.
Les questions d’éthique et de connectivité, contraintes à adresser
Il y a cependant des défis à relever pour que l’IA ne soit pas un danger, en l’occurrence l’infrastructure et la connectivité. « Le continent africain n’a pas d’infrastructure développée au niveau du numérique, au même titre que d’autres continents », soutient Laurent D’Aronco. En 2022, précise Laurent D’Aronco, seulement 12 des 54 pays d’Afrique figurent dans le top 100 de l’innovation mondiale (Maurice étant le premier pays africain).
L’autre défi à relever est celui relatif à l’éthique, étant donné que dans moins de 15 ans, l’IA pourrait devenir l’espèce dominante, posant des défis philosophiques et éthiques majeurs de l’avis de Geoffrey Hinton. Le fait que 40% des Africains ont accès à Internet peut faire en sorte que l’IA élargisse l’exclusion numérique et engendre une concentration des pouvoirs des entreprises qui maîtrisent les usages de l’IA, craint Peter Addo de l’AFD. Jean-Luc Mastaki souligne l’urgence de l’accès à l’énergie de qualité et la promotion des datacenters.
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