[Vitrine du Cameroun] – Avez-vous une fois été dépouillé du contenu de votre portefeuille à Yaoundé ? Si la réponse à cette question s’avère négative pour certains, elle ne l’est pas pour autant pour les autres. En réalité, les auteurs de ces actes perfides, les ashuame, comme on les appelle dans leurs biotopes (nos marches), utilisent un code linguistique particulier qui mérite d’être vulgarisé pour éventuellement éviter d’être pris dans leurs mailles.
Le présent papier à but essentiellement instructif donnera à son lecteur une connaissance approfondie du jargon de ses maraudeurs. Nous l’avons structuré en deux parties importantes : un cas pratique et une terminologie ashuamanienne.
Cas pratique
Notre passage dans les lieux phares de de cité capitale (Elig-Edzoa, Mekolo, Marché central, Mvog Mbi, Mvan etc) nous a permis non seulement de distinguer trois types ashuamen (les arracheurs et les awasheurs et les bolomen ) mais aussi de ressortir certains termes utilisés par ces individus d’un autre genre. Compte tenu des contraintes liées au temps, notre étude s’est focalisée sur la deuxième catégorie des ashuamen : les awasheurs.
Pour mieux expliciter la terminologie trouvée, nous nous proposons de commencer par une situation réelle entre ces maraudeurs et puis nous ressortons les termes propre à leur contexte ainsi que les commentaires y afférents.
Dialogue
- : Tara, la situation est ngankong, il nous faut le riz pour go au ndoka ce soir. On do how, on awash ?
- : Mbom, jai pas de mata. Il faut seulement que les mboutmen came en ville, ca va waka, God ne laisse personne. Il va nous helep.
A : Bon goyons donc. On va begin à Kennedy. Si on nye un bon game, une mbindi, une mater, meme le nye on témé.
(Départ pour la ville) B : Cigarette, voilà le game.
- : Il est où ?
- : vers le kiosque de messapresse. Il mimba les donman. Comme il n’y pas d’embouteillage, il faut lui mettre la clé.
(Ils s’avancent vers le game et ils arrivent à le soutirer.)
A : C chitte tara, le ndouta recame avec le mbere. Il vaut vanish vite pour le demascage.
Voilà qui retrace brièvement la façon dont opèrent les awasheurs de l’étape initiale à l’étape finale. On peut y relever une terminologie particulière ci-dessous explicitée.
Terminologie des awasheurs
- Arracheur : terme utilisé pour déterminer celui dont l’activité est de piquer les sacs des usagers à l’aide d’une moto.
- Ashoua: 1. Soutirer exemple. On va ashoua au marché central demain matin. 2. Reussir à piquer dans le sac ou la poche d’un usager. Exemple : Diman, vous avez ashoua combien hier ? (cf. awash)
- Au secours ! alerte donné par l’un des maraudeurs pour avertir son collègue que leur action est compromise et par conséquent, il faut immédiatement vanish (disparaître)
- Awash: terme utilisé pour désigner l’action de soutirer dans le sac d’un usager en utilisant certaines stratégies telles que le deux doigts ou la cale. (synonyme : ashoua)
- Awasheur: personne dont l’activité ne consiste à awash.
- Baiser : tromper, arnaquer exemple : Mbom, tu m’as baisé dans le business d’hier en vrai.
- Bolomen: adouber; tromper
- Boumla : influencer, exposer, mettre en danger. Exemple : les mbérés nous ont boumla hier soir.
- Business : affaire, deal.
- Ça chitte : tu as été dénoncé.
- Ça cuit : c’est dangereux, dégage !
- Cale arrière : stratégie qui consiste à faire obstruction derrière un usager dans les embouteillages pour dévier son attention vers son dos et le soutirer dans le poche de devant (antonyme : calle avant)
- Cale avant : stratégie qui consiste à faire obstruction devant un usager dans les embouteillages pour le distraire et le soutirer vers l’arrière. (antonyme : calle arrière)
- Cigarette : code utilisé par les awaheurs pour s’interpeller lors d’une opération , une appellation entre les awasheurs .
- Démasquage : action qui consiste à changer d’accoutrement immédiatement après un grand cout pour ne pas se faire identifier, il s’agit en d’autres termes d’un déguisement.
- En vrai : en réalité, dans la pratique
- En sop : beaucoup ; en grande quantité(synonyme : sock sock)
- La cale : l’obstacle (avant ou arrière)
- La clé : forme de calle avant que les awasheurs utilisent à l’absence de l’embouteillage en jetant un trousseau de clés devant le game pour le contrainte de ralentir ses pas afin de le soutirer par l’arrière.
- La passe : action pour un awasheur de passer instantanément l’objet soutiré à son collèguede service lorsque la victime se rend à l’évidence qu’elle a été dérobée.Nb : la victime qui se rebelle dans ce cas peut même subir des menaces d’intimidation pour l’amener à ne pas s’entêter.
- La vitesse : le fait d’accélérer le processus. Exemple : Mets la vitesse.
- Le Game : personne susceptible de porter de l’argent. Exemple : voilà un bon game qui arrive, mets la vitesse.
- Mbéré : terme utilisé par les ashuamen pour désigner un personnel de l’armée. (police, gendarme, militaire) (synonyme : nyè)
- Mboutman : la victime, le soutirée
- Ndouta : terme est utilisé pour désigner le retour d’une personne qui se rend compte qu’elle vient d’être victime d’un coup de vol. (synonyme : le retour)
- Ta’a tik : insister.
- Nynongo : fuir, prendre la poudre d’escampette.
- Sa’a taa : laisse tomber
- Séparation : infiltration d’un awasheur entre un couple question de les séparer pour mieux opérer.
- Témé: dépouiller
- Vanish: s’en aller, disparaître
Les termes ci-dessus explicités peuvent être classés en trois catégories : avant, pendant et après l’opération.
Avant l’opération
Il s’agit de la période pendant laquelle nos awasheurs préparent l’opération. Dans cette catégorie, on retrouve les termes tels que : awasheur, le game, ta’atik, cigarette
Pendant l’opération
Pendant cette phase, on utilise les termes tels que : awash, la vitesse, cale avant, cale arrière, la clé, la séparation, le game, ta’atik,
Après l’opération
La passe, ça chitte, ça cuit, le ndouta, nyongo, le demasquage, Témé, vanish, mboutman, boumla, en sop, le mbéré, le retour.
Même s’il est vrai que certaines de ces expressions se retrouvent dans les trois phases, force est de constater que la grande majorité appartient aux deux dernières étapes. En réalité, il s’agit d’une gradation ascendante pour dire que les acteurs de ces actes odieux sont plus concentrés à la phase opératoire et post opératoire.
Soit parce que l’opération nécessite des efforts croissants et un code et particulier pour ne pas se faire entendre par l’homme ordinaire, soit aussi parce que les conséquences de leurs actes sont redoutables et il faut toujours rester dans la logique du camouflage pour éviter au maximum des éventuelles représailles.
Par Protais serge Nkomo Ndzomo et François Gaël Mbala
Grâce à des professionnels issus du monde des médias, des affaires et de la politique, mus par la volonté de fournir une information vraie, crédible et exploitable pour la valorisation de la destination Cameroun, Vitrine du Cameroun est devenu une plateforme de référence au Cameroun. Contacts : vitrineducameroun@gmail.com. – WhatsApp : +86 16695017248 ou +237 674 014 142