[Vitrine du Cameroun] – Le Haut-Karabagh, Haut-Karabakh ou Artsakh, en forme longue la république d’Artsakh, est une république autoproclamée de Transcaucasie. En 2015, sa population est estimée à 148 917 habitants pour une superficie de 11 430 km². Sa capitale et plus grande ville est Stepanakert.
Située aux confins du monde dans le Caucase, le Haut-Karabagh est un État séparatiste revendiqué par l’Azerbaïdjan. Dans ce conflit, le président Turc Recep Tayip Erdogan joue un rôle clef. Sans oublier également l’importance des autres grandes puissances tels que la Russie, l’Iran et Israël.
Démarche historique : pourquoi historiquement depuis l’antiquité le Haut-Karabagh est majoritairement arménien ?
Déjà on se trouve dans une région qui est au confins de la Russie, la Perse et du Caucase et le Haut-Karabagh ou Artsakh comme le dit les Arméniens constituent un berceau historique de l’Arménie, de la grande Arménie. Il faut également savoir que le Haut-Karabagh a toujours maintenu une population majoritairement Arménienne de par son relief montagneux. On parle d’un pays de la taille d’un département français. C’est environ 4400 km2.
Pourquoi cette date de 1915, date du génocide arménien est cruciale pour comprendre ce qui se joue aujourd’hui ?
Entre 1904 et 1918, c’est toute la population de l’Arménie de l’empire Ottoman qui est exterminée par le jeune gouvernement Turc Ottoman mais qui est aussi épaulé dans cette entreprise criminelle par une partie des “Tartares” du Caucase.
On parle aussi d’un territoire qui est à la jonction de deux entités Turcophones. À l’ouest la Turquie, à l’est l’Azerbaïdjan. Et donc les nationalistes Turcs caresseraient l’idée de réaliser une unité. Or, lorsque vous observez bien la carte du monde, l’Arménie et le Haut-Karabagh constitue une sorte de verrou stratégique à la réalisation de ce projet.
Pourquoi Staline pendant la période de l’URSS avait rattaché ce petit territoire à l’Azerbaïdjan ?
En 1921, l’URSS est en effervescence, elle vient de naître. À cette époque Staline encore Commissaire aux Nationalités n’était pas encore à la tête du pouvoir soviétique. Celui-ci décide de rattacher le Haut-Karabagh majoritairement peuplé d’Arméniens à l’Azerbaïdjan. Il le fait pour deux (02) raisons : La première suivant l’adage qui dit : « Diviser pour mieux régner ». La seconde était de donner un gage d’amitié vis à vis de l’Azerbaïdjan turcophone qui à cette époque produisait déjà beaucoup de pétrole, beaucoup d’hydrocarbures et donc c’était là une manière de faire en quelque sorte d’une pierre deux coups.
En 1991, le Haut-Karabagh prend son indépendance, la République d’Azerbaïdjan également, mais pourtant à cette époque le Haut-Karabagh quoiqu’en majorité peuplé d’Arméniens n’a pas été rattaché à l’Arménie.
Quel rôle joue en ce moment tous les grands acteurs régionaux que sont la Turquie, la Russie, l’Iran et Israël ?
La Turquie : Les relations entre la Turquie et l’Arménie sont inexistantes du fait du génocide arménien que la Turquie ne reconnaît toujours pas en pratiquant ce négationnisme d’État. En 1993 lorsque le conflit du Haut-Karabagh éclate, la Turquie décide de fermer sa frontière avec l’Arménie et impose un blocus avec l’Arménie. Donc aux yeux d’Ankara, il est pratiquement impossible de soutenir ni l’Arménie, ni le statuquo.
Ajouté à ça le fait que la Turquie et l’Azerbaïdjan se considère comme deux Etats au sein d’une même nation. La Turquie prend parti activement au côté de l’Azerbaïdjan, pays frère qu’elle considère son relai d’influence dans le Caucase qui aujourd’hui est vu comme une zone d’influence Russe.
La Russie : Autant la Turquie fait front au côté de l’Azerbaïdjan autant la Russie essaie de garder une certaine équidistance parce que même si la Russie et l’Arménie sont des alliés stratégiques, l’Arménie fait partie de l’OTSC (Équivalent de l’OTAN Russe). La Russie veut également conserver son image de médiatrice dans la région parce qu’autant elle vend les armes à l’Arménie, elle en vend aussi à l’Azerbaïdjan. La Russie veut rester un médiateur dans la région et n’a pas intérêt de pousser trop loin l’alliance stratégique avec l’Arménie.
L’Iran et Israël : Déjà remarquons que ce conflit se passe au Caucase qui est une zone tampon entre trois (03) blocs géopolitiques que sont la Russie au Nord, l’Iran au Sud et la Turquie à l’ouest.
L’Iran étant très inquiète par ce nouveau conflit, elle se sent menacée parce qu’il y a un evidentisme Azerbaïdjanais dans toutes les provinces du Nord de l’Iran, i y a une très forte minorité turcophone Azerbaïdjanais qui revendique périodiquement son rattachement à l’Azerbaïdjan indépendante du Nord. Voilà pourquoi l’Iran Chiite musulmane soutient l’Arménie chrétienne pour des raisons géostratégiques.
À ça on peut ajouter le fait que l’Azerbaïdjan est un allié stratégique d’Israël. Israël étant l’un des premiers États à avoir reconnu l’indépendance de l’Azerbaïdjan en 1994. Israël est un partenaire stratégique qui vend les armes, des drones « Khamikazes», tout service d’appareillage électronique à l’Azerbaidjan. Et considère l’Azerbaïdjan comme une sorte de base arrière contre son ennemi naturel qu’est l’Iran.
L’Iran est un ami de l’Arménie, leur lien sont très anciens, très étroit et pour l’Arménie elle-même, n’ayant pas d’accès à la mer, sa frontière fermée avec la Turquie, la guerre avec l’Azerbaïdjan l’empêchant de se développer, considère sa frontière avec l’Iran comme une bouffée d’oxygène.
Que faut-il redouter pour l’avenir de ce conflit, et que peut la communauté internationale ?
La menace première qui pointe à l’horizon c’est la politique erratique du gouvernement d’Erdogan en Turquie qui vise à apporter au Caucase un nouveau foyer de tension. Il le fait comment ?
Il le fait en apportant des mercenaires recrutés en Syrie qui travaillent pour le compte des armées Azerbaïdjanaises contre l’Arménie et ça pour la Russie et l’Iran représente une réelle menace pour la paix et la sécurité dans la région.
Par Charly Kengne, Géostratège camerounais
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