À travers son plaidoyer, Dr Keita insiste sur l’urgence d’adopter des politiques climatiques plus inclusives et de garantir un accès équitable aux financements pour les initiatives portées par des 5femmes. Dans un entretien exclusif, elle revient sur les défis à relever et les solutions à mettre en place pour assurer une gouvernance climatique plus juste et efficace en Afrique.
Le secteur de l’environnement n’est pas différent des autres. Il est majoritairement masculin et les stéréotypes concernant le leadership perdurent. Bien que Greenpeace Afrique valorise l’inclusivité, le mouvement environnemental doit encore progresser pour assurer la représentation et l’écoute des femmes africaines, qui sont en première ligne face aux enjeux du changement climatique. Je suis déterminée à combattre toutes les exclusions, à faire entendre les voix des femmes et des plus vulnérables, et à promouvoir un leadership inclusif, car la justice environnementale est indissociable de la justice de genre.
Les gouvernements des pays du Sud, notamment en Afrique, doivent intégrer le genre dans leurs politiques climatiques en coordonnant les actions ministérielles, en finançant les initiatives dirigées par des femmes, en adoptant des lois protectrices et en améliorant la collecte de données. Les organismes internationaux doivent établir des mécanismes de suivi, fournir un financement ciblé, renforcer les cadres juridiques, encourager des partenariats mondiaux et mettre en œuvre des stratégies intersectionnelles pour réduire les inégalités de genre et de résilience climatique.
Les femmes africaines jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique, en élaborant des solutions et en influençant les politiques. Au Kenya, elles contestent des lois qui mettent en péril les agriculteurs à petite échelle et la souveraineté alimentaire. Au Cameroun et en République Démocratique du Congo, elles dirigent des initiatives autochtones pour protéger le bassin du Congo. En Afrique du Sud, elles s’opposent à l’exploitation néocoloniale des ressources et militent pour une transition équitable vers les énergies renouvelables. À travers le continent, les femmes impulsent des initiatives pour réduire la pollution plastique et plaident pour des politiques plus strictes. Chez Greenpeace Afrique, nous soutenons et amplifions les voix de ces femmes, en reconnaissant que la justice climatique dépend de leur leadership et de leurs solutions.
Les femmes de Kayar entretiennent une relation ancestrale avec l’océan, qui leur permet depuis des générations de subvenir aux besoins de leur famille. Cependant, l’exploitation intensive des côtes sénégalaises par des multinationales menace leur mode de vie. Les poissons, autrefois essentiels à l’alimentation locale, sont désormais transformés en farine et en huile pour l’exportation vers l’Europe et l’Asie où ils servent de nourriture aux élevages de poissons.
Greenpeace Afrique réclame l’interdiction immédiate de ces pratiques, un moratoire sur de nouvelles usines et un audit des infrastructures existantes. La lutte passe aussi par une sensibilisation des consommateurs et des gouvernements des pays importateurs afin qu’ils adoptent des pratiques d’approvisionnement plus éthiques et durables.
Le bassin du Congo est la deuxième plus grande réserve de carbone de la planète. Pour protéger ce précieux capital, nous devons concentrer nos efforts sur trois actions fondamentales :
Tout d’abord, il est essentiel d’instaurer un moratoire d’une durée de 25 ans en vue d’interdire l’exploitation forestière industrielle et d’autres activités commerciales abusives, telles que l’exploitation minière et la recherche pétrolière.
Ensuite, les gouvernements doivent reconnaître officiellement et respecter les droits des peuples autochtones, qui depuis des siècles sont les gardiens de ces forêts. Malheureusement, ils sont souvent marginalisés et ignorés dans de nombreuses régions du bassin du Congo, ce qui entrave leur capacité à jouer leur rôle crucial dans la gestion forestière. L’approche actuelle de « conservation rempart », qui utilise des gardes armés pour faire respecter les restrictions, ostracise ces communautés au lieu de les protéger.
De plus, il est fallu absolument mobiliser un soutien financier mondial dédié aux efforts de conservation, d’atténuation et d’adaptation, et qui permettra effectivement aux communautés locales de coexister de manière durable avec la nature. Sans une initiative de financement mondial solide, il nous sera impossible de protéger efficacement ce patrimoine inestimable qui joue un rôle essentiel dans la régulation du climat de notre planète. Rappelons que les pays du bassin du Congo n’ont pas les ressources financières nécessaires pour atteindre cet objectif. Il est donc temps de faire preuve d’équité dans la répartition des fonds mondiaux pour la protection de l’environnement.
La violence de genre limite la liberté et l’engagement des femmes, notamment dans l’activisme climatique, où elles font face à des menaces qui entravent leur leadership. Ce lien entre justice climatique et protection des femmes exige des solutions allant au-delà des politiques environnementales, en s’attaquant aux inégalités systémiques. Il est essentiel de renforcer la protection des femmes activistes, d’assurer la responsabilité des agresseurs et d’améliorer les cadres juridiques. Un soutien financier aux initiatives dirigées par des femmes et un plaidoyer mondial renforcé, comme la campagne Red Card, sont nécessaires pour garantir leur pleine participation à la gouvernance climatique.
Les discussions ont souligné la nécessité d’engagements concrets pour soutenir les initiatives climatiques dirigées par des femmes. Il est crucial que tous les acteurs allouent au moins 50 % des financements climatiques aux projets féminins et facilitent l’accès aux fonds. Les gouvernements doivent adopter des politiques budgétaires inclusives du genre et promouvoir le leadership féminin en matière de gouvernance climatique. Les instances internationales intégrer les propositions des femmes africaines dans les politiques climatiques, avec des mécanismes d’évaluation indépendants pour garantir respect des engagements pris.
Grâce à des professionnels issus du monde des médias, des affaires et de la politique, mus par la volonté de fournir une information vraie, crédible et exploitable pour la valorisation de la destination Cameroun, Vitrine du Cameroun est devenu une plateforme de référence au Cameroun. Contacts : vitrineducameroun@gmail.com, ou via WhatsApp +86 16695017248