
[Vitrine du Cameroun] – Dans une déclaration fracassante sur le plateau de Canal Presse diffusée sur Canal 2, Ernest Obama a vertement critiqué l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, dénonçant ce qu’il qualifie de revirement politique spectaculaire.
Ernest Obama n’a pas mâché ses mots sur le plateau de Canal2 International ce dimanche 19 octobre en commentant la trajectoire politique d’Issa Tchiroma. Selon lui, l’ancien ministre de la Communication incarnait jusqu’en 2018 les valeurs du patriotisme et du républicanisme. « Je connais Issa Tchiroma. Avant son départ du gouvernement, il était un patriote, un républicain », a-t-il rappelé, soulignant que Tchiroma s’opposait alors fermement aux positions du MRC et du professeur Maurice Kamto.
Le changement d’attitude de Tchiroma depuis son rapprochement avec le MRC constitue, aux yeux d’Obama, une véritable trahison idéologique. « Depuis quelques jours, depuis qu’il y a eu ce mariage incestueux avec le MRC, monsieur Tchiroma passe le temps à lécher lui-même ses propres vomissures », a-t-il déclaré avec une métaphore particulièrement crue. Ses propos, marqués par une virulence inhabituelle, illustrent les tensions croissantes au sein de la classe politique camerounaise à l’approche de la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle.
Obama affirme par ailleurs que Tchiroma n’est plus maître de ses décisions. « Aujourd’hui on a la partie inférieure, le corps on voit Tchiroma, mais dans la tête c’est Me Simh, c’est monsieur Kamto », explique-t-il pour illustrer l’emprise présumée du MRC sur l’ancien ministre.
Selon le journaliste, Issa Tchiroma agirait désormais comme un simple relais des positions du MRC, reproduisant les comportements de 2018. « C’est eux qui sont dans la tête de Tchiroma et il agit comme en 2018 », a-t-il martelé. L’alliance entre Tchiroma et le MRC est qualifiée de « mariage incestueux » par Obama, suggérant un rapprochement contre-nature qui bouleverse l’équilibre politique traditionnel au Cameroun.
Ces accusations interviennent dans un contexte électoral extrêmement tendu, où chaque déclaration publique prend une dimension stratégique. La violence verbale employée par Ernest Obama témoigne de l’anxiété du pouvoir face à la montée en puissance de l’opposition incarnée par Tchiroma et ses nouveaux alliés du MRC.
Le Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats définitifs de l’élection présidentielle au plus tard le 23 octobre. Cette instance reste la seule habilitée légalement à officialiser les résultats, même si la compilation officielle est toujours en cours. L’attente crée une tension palpable dans tout le pays.
Le pouvoir en place se trouve confronté à un dilemme stratégique délicat. D’un côté, la répression pourrait galvaniser l’opposition et internationaliser la crise. De l’autre, la temporisation risque d’être perçue comme une faiblesse, encourageant les contestations.
Les déclarations virulentes d’Ernest Obama révèlent l’inquiétude du régime face à une opposition qui a su se restructurer et gagner en crédibilité populaire. Le rapprochement entre Tchiroma et le MRC constitue manifestement une menace sérieuse pour le statu quo politique.
Le Cameroun se trouve à un tournant historique. Les prochaines heures et les décisions du Conseil constitutionnel détermineront non seulement l’issue de cette élection présidentielle, mais aussi la nature même du dialogue politique dans le pays. Entre répression et négociation, entre contestation et légalité, la classe politique camerounaise doit trouver une voie qui préserve la stabilité tout en respectant la volonté populaire exprimée dans les urnes.








