Le monde du livre camerounais s’apprête à faire ses adieux à l’un de ses plus illustres bâtisseurs. Edmond VII Mballa Elanga, Directeur du Livre et de la Lecture au ministère des Arts et de la Culture, entame cette fin de semaine son dernier voyage vers sa terre natale, Nkol-So’o, près d’Afanoyoa.
La levée de corps a eu lieu ce jeudi 30 octobre 2025 à l’Hôpital central de Yaoundé, en présence de collègues, d’artistes, d’éditeurs et de représentants du monde universitaire venus saluer une dernière fois celui que beaucoup décrivent comme un « esthète de la langue et un bâtisseur du livre ». Les cérémonies traditionnelles suivies de l’inhumation sont prévues ce samedi 1er novembre dans son village natal. Le Secrétaire général du ministère des Arts et de la Culture y représente le ministre Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt.
Décédé le 19 septembre dernier des suites de maladie, Edmond Mballa Elanga laisse derrière lui une empreinte profonde dans le paysage culturel et intellectuel du Cameroun. Mort à 51 ans, il occupait depuis 2014 le poste de Directeur du Livre et de la Lecture (DLL), où il œuvrait à la mise en place d’une politique nationale du livre et de la lecture. Visionnaire, il avait fait de la promotion de la littérature camerounaise un axe central de son action publique, tout en soutenant la professionnalisation du secteur de l’édition.
Mais le haut fonctionnaire était avant tout un homme de passion. Cofondateur des Éditions Akoma Mba en 1995, il dirige cette maison pionnière entre 1998 et 2005, marquant toute une génération d’auteurs et de lecteurs. Entre 2022 et 2025, il préside le jury du prix international Marie Wabbes, consacré à la littérature jeunesse africaine.
Dans un hommage empreint d’émotion, Stéphane Ebale Mbolo, son adjoint à la DLL, a salué la mémoire d’un « grand homme de culture, esthète de la langue française, formateur patient et travailleur acharné ». Il se souvient d’un supérieur bienveillant et discret, dont le sourire et l’humour dissimulaient la rigueur intellectuelle. « Vous aviez l’habitude de conclure vos messages par : “Octobre est déjà là… Bref.” C’était peut-être un au revoir », écrit-il.
Artiste dans l’âme, mélomane et dessinateur talentueux, Edmond Mballa Elanga aimait rappeler que « les artistes des mots ne meurent pas ». Ceux qu’il a accompagnés, formés ou inspirés s’accordent à dire qu’il continuera de vivre à travers les œuvres qu’il a contribué à faire éclore.
Architecte de l’univers du livre et de la lecture au pays de Mongo Beti, Edmond Mballa Elanga laisse une trace durable, celle d’un serviteur de la culture, d’un homme de lettres profondément attaché à la transmission du savoir.
