
[Vitrine du Cameroun] – L’enquête sur le meurtre tragique et barbare du journaliste Martinez Zogo connaît un développement spectaculaire et glaçant. L’affaire, qui secoue le Cameroun depuis la découverte du corps mutilé du chef de chaîne d’Amplitude FM en janvier 2023, a pris une nouvelle tournure judiciaire avec le témoignage accablant d’un homme qui se présente comme un témoin direct de l’accusation.
Lors d’une audition, le témoin nommé Ekassi Alain, dont le statut a été confirmé comme étant un témoin du Commissaire du Gouvernement, a désigné sans équivoque Martin Savom comme étant l’auteur de l’assassinat de Martinez Zogo. Martin Savom, ancien maire de la commune de Bibey (département de la Haute-Sanaga), est actuellement détenu à la prison principale de Kondengui dans le cadre de cette même affaire.
Un double meurtre au cœur du scandale
Mais les révélations d’Ekassi Alain ne s’arrêtent pas là. Ce qui confère à son témoignage une gravité exceptionnelle, c’est l’établissement d’un lien troublant avec une autre affaire non moins sombre qui avait endeuillé la nation il y a quelques années : la mort de Mgr. Jean Marie Benoît Bala.
Selon les déclarations du témoin, avant d’assassiner Martinez Zogo, Martin Savom aurait également ôté la vie à l’ancien évêque de Bafia, dont le corps avait été retrouvé flottant dans les eaux du fleuve Sanaga le 31 mai 2017. À l’époque, la thèse officielle avait conclu à un «suicide par noyade», une conclusion qui avait été largement contestée par l’Église catholique et une partie de l’opinion publique, qui réclamaient l’établissement de la vérité sur ce qu’ils considéraient comme un meurtre déguisé.
Une justice sous pression
Ces nouvelles accusations, si elles sont corroborées par les éléments matériels de l’enquête, pourraient non seulement sceller le sort de Martin Savom dans l’affaire Martinez Zogo, mais aussi relancer de manière fracassante le dossier de la mort de Mgr. Bala, contraignant la justice camerounaise à rouvrir ce chapitre douloureux.
Le caractère «déballant» du témoin Ekassi Alain, qui agit sous l’égide de l’accusation, place désormais le Tribunal militaire de Yaoundé face à une responsabilité historique. L’ombre d’une série de meurtres impliquant potentiellement la même personne et des mobiles encore flous plane sur le processus. La pression est immense pour garantir que toute la lumière soit faite sur les circonstances réelles de ces deux disparitions qui ont profondément marqué le tissu social et politique du Cameroun.
Pour l’heure, l’enquête se poursuit. L’attente est désormais focalisée sur la confrontation des preuves et des témoignages qui devront soit confirmer soit infirmer les déclarations explosives d’Ekassi Alain. La vérité, réclamée à cor et à cri par les familles des victimes et la nation entière, semble à portée de main, mais le chemin judiciaire s’annonce encore long et semé d’embûches.









