[Vitrine du Cameroun] – Témoin clé et figure emblématique de la presse camerounaise, Xavier Messe a été entendu ce mercredi 18 décembre par le Tribunal militaire de Yaoundé. Entre révélations sur ses sources et justifications professionnelles, l’ancien directeur de publication de Mutations est revenu sur les circonstances troubles entourant l’annonce de l’assassinat de son confrère.
Le cœur de l’audition a porté sur l’intervention de Xavier Messe sur les ondes de Radio Balafon, le 18 janvier 2023. À cette date, soit quatre jours avant la découverte officielle du corps de Martinez Zogo, le journaliste affirmait déjà que son confrère avait été assassiné dans la nuit du 17 au 18 janvier.
Devant le tribunal, Xavier Messe a maintenu sa version : il a été informé par un coup de fil anonyme passé par une personne se présentant comme un gendarme. « Cette source m’a donné des détails précis sur l’heure et les circonstances du décès », a-t-il expliqué. Pour le journaliste, il s’agissait alors de briser le silence pour, espérait-il, forcer les autorités à agir plus rapidement.
Entre déontologie et sécurité des sources
Interrogé sur l’absence de vérification croisée avant une annonce aussi grave, Xavier Messe a invoqué l’urgence et la protection de ses informateurs. Le tribunal a longuement insisté sur l’identité de ce mystérieux interlocuteur. Bien que Messe ait affirmé ne pas connaître personnellement l’individu, il a souligné que la précision des informations fournies laissait peu de place au doute quant à l’implication de membres des services de sécurité.
Cette audition a mis en lumière le dilemme éthique auquel le journaliste a été confronté : se taire pour protéger sa source ou parler pour alerter l’opinion publique sur un crime en cours.
Un procès sous haute tension
Le passage de Xavier Messe s’inscrit dans un procès marathon où sont jugés plusieurs hauts responsables, dont l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga et l’ancien chef de la DGRE, Léopold Maxime Eko Eko. Le témoignage de Messe est crucial car il suggère que l’issue fatale de l’enlèvement était connue de certains initiés bien avant que la macabre découverte d’Ebogo ne vienne traumatiser le pays.
L’audience a été levée après plusieurs heures d’échanges intenses, laissant planer de nouvelles interrogations sur l’étendue du réseau d’information qui entourait les ravisseurs de Martinez Zogo au moment des faits.












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