[Vitrine du Cameroun] – Le Cameroun a fait le choix de l’économique de marché depuis 1987. En cohérence avec ce choix, des réformes économiques structurelles ont été engagées. Celles-ci ont profondément modifié le paysage industriel et commercial de l’économie camerounaise et justifié l’intérêt porté à la promotion et au respect du jeu concurrentiel.
A cet égard, la législation sur la concurrence et les législations à portée sectorielle ont été introduite. Ce cadre légal et règlementaire a été enrichi par une loi dédiée à la protection du consommateur. La durée d’existence de ce dispositif est suffisamment longue pour qu’on puisse en tirer les premiers enseignements notamment sur sa capacité à être un levier de performance et finalement une voie de progrès pour son économie.
Cependant, si les reformes s’avèrent souvent indispensables pour poser les bases d’une économie au niveau local et national, la conjoncture international, régional et même sous-région ale produisent souvent des effets au niveau des économies nationales et les rendent parfois dépendants de celles-ci conformément au processus de la mondialisation et de l’uniformisation de l’économie mondiale.
C’est dans une telle mesure qu’il serait difficile d’analyser les impacts de la crise gabonaise aujourd’hui sur l’économie camerounaise en faisant fi de la conjoncture régionale de la CEMAC et celle typiquement bilatérale entre ces deux pays.
Si l’on peut s’y aventurier, il faut dire que le Gabon et le Cameroun comme tous les autres pays d’Afrique centrale et spécifiquement de la zone CEMAC, sont d’un point de vue naturellement dotés d’un certain nombre d’éléments qui les rendent attractifs aux investissements direct étrangers. Il s’agit entre autre des ressources naturelles, des matières premières, de sa position géographique qui les place au centre du Golf de guinée, de son marché relativement vaste et dans une moindre mesure la qualité de leurs institutions.
Cependant, nonobstant ces facteurs d’attractivité non négligeables, il existe encore un certain nombre de pesanteurs qui annihilent et impactent ces différentes économies parmi lesquels, le facteur de risque pays qui a fini par se manifeste par une instabilité politique. C’est le cas aujourd’hui au Gabon à travers un coup d’état.
Il faut dire à cet effet que, lorsqu’il est acté, le facteur « risque pays » entraine des conséquences néfastes au sein des économies nationales et internationales. Parmi ces conséquences, nous pouvons citer entre autres, la confiscation des biens, la dislocation des structures de production, le changement dans la gestion macroéconomique, l’environnement incertain des affaires qui se manifeste par le mauvais état de la justice, la corruption etc. Une telle situation reste souvent une préoccupation majeure des investisseurs directs étrangers.
Ainsi au regard de ce qui précède, pour comprendre les impacts du coup d’état au Gabon, il faut procéder par indicateurs macroéconomiques et rappeler en même temps que, si la Chine et la France sont considérés comme les premiers partenaires commerciaux de ce pays au niveau international, le Cameroun quant à lui reste le premier partenaire du Gabon commercial sur le plan régional africain et sous régional de la CEMAC.
Tableau : indicateurs macroéconomiques du Gabon 2022-2023
indicateurs | 2022 | 2023 |
Croissance PIB % | 3 | 3 |
Inflation % | 3 | 3 |
Solde public/PIB% | 1,2 | 3 |
Solde courant/PIB% | -1,4 | -2,9 |
Dette publique/PIB% | 52,2 | 50,8 |
Points forts | Point faibles |
Ressources naturellesPotentiel minierPotentiel hydroélectriqueMembre de la CEMAC | Économie fortement tributaire du secteur pétrolierCoût élevé des facteurs de productionNon diversification de l’économieDépendance aux importations alimentairesChômage élevéCorruption très rependueStock d’arriéré domestiques et extérieur pas encore épuré |
En observant de près, ces deux tableaux d’indicateurs de l’économie Gabonaises, on constate qu’en dépit de quelques point forts qui caractérisent celle-ci, elle reste encore fondamentalement émaillée de plusieurs secteurs qui la rendent vulnérable. Et c’est dans ces secteurs de vulnérabilité que le Cameroun agit et rétroagit sur l’économie gabonaise notamment sur les exportations alimentaires. Le Cameroun est en quelques sorte le grenier du Gabon en termes alimentaires et des produites d’équipements. Aujourd’hui avec la crise qui sévit dans ce pays, les conséquences seront perceptibles tant au niveau du Gabon qu’au niveau du Cameroun.
Au niveau du Gabon, ce pays risque d’être coupé des services venant du Cameroun.
Du côté du Cameroun, il y aura nécessairement un manque à gagner au niveau du marché, l’insécurité transfrontalière qui pourra entrainer les coupeurs de routes, le grand banditisme, et la circulation frauduleuse des armes. Une telle situation n’est pas souhaitable pour le Cameroun qui est déjà empêtré dans un processus insécuritaire avec la crise anglophone, et la secte bokoharam sans oublier le phénomène des coupeurs de route dans sa région de l’Est.
Ce qu’on peut donc dire, c’est que la balance commerciale entre le Cameroun et le Gabon reste déficitaire en faveur du Cameroun. Mais cela n’est pas un élément suffisant pour minimiser les conséquences que la crise gabonaise produirait à l’économie camerounaise car, les économies sont devenues aujourd’hui interdépendantes qu’une crise fut-elle minime soit -elle peut conduire à des dégâts économiques très grave.
En conclusion, la sous-région Afrique centrale fait face à de nombreux problèmes d’ordre structurel, conjoncturel, et humain. En tant que leader de la CEMAC et pays voisin du Gabon qui vient de sombrer dans une incertitude politique, la Cameroun gagnerait pleinement à jouer son rôle afin d’éviter les conséquences négatives sur son économie. Ceci supposerait l’activation de sa diplomatie tant bilatérale que multilatérale.
Par SANGO Armel,
Docteur en science politique, expert des questions de développement et d’intégration, certifié en langues et cultures nationales camerounaises.
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