[Vitrine du Cameroun] – Décédé à l’âge de 79 ans le 6 janvier 2024 à Bordeaux des suites de maladie, l’éminent enseignant de Droit public, ancien ministre et membre du Conseil conditionnel, a contribué à écrire de belles pages de l’histoire du Cameroun.
Dans un texte en guise d’hommage publié dans les réseaux sociaux, le juriste et l’homme politique Maurice Kamto revient succinctement sur le parcours universitaire et politique de Joseph Owona, qui selon lui, a influencé ses études juridiques à la Faculté de droit et des sciences économiques de l’Université de Yaoundé pour le droit public qui lui m’ouvrit les portes de l’enseignement, alors que son projet initial était d’étudier le droit privé pour devenir Avocat.
« Avant toute chose j’adresse à sa famille éprouvée mes condoléances attristées et l’expression de ma profonde compassion. Le Pr Joseph OWONA était un juriste brillant, constitutionnaliste talentueux. En cette matière il fut pour moi un enseignant fascinant : c’est à cause de – ou grâce à- lui que la trajectoire de mes études juridiques à la Faculté de droit et des sciences économiques de l’Université de Yaoundé fut détournée vers le droit public qui m’ouvrit les portes de l’enseignement, alors que mon projet initial était d’étudier le droit privé pour devenir Avocat », écrit Maurice Kamto d’entrée de jeu.
« Combien de compatriotes savent-ils que nous sommes plusieurs parmi les licenciés de 1979 à avoir pu présenter le concours d’entrée à l’IRIC, sans parrainage d’un Ministre, d’un Député ou d’un haut responsable du parti unique de l’époque, comme c’était une exigence en ce temps-là, grâce à la seule décision personnelle du Pr OWONA qui était alors le Directeur de cette prestigieuse académie diplomatique ? Le Pr Joseph OWONA eut pour moi une réelle affection intellectuelle qui a sans doute souffert dans l’environnement politique camerounais, mais dont j’ai la faiblesse de croire qu’elle était restée au fond de lui-même, d’autant plus que j’eus pour lui un respect quasi filial », poursuit-il.
Selon le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), ce théoricien du droit constitutionnel, connaissait fort bien l’histoire des institutions et des idées politiques et « savait que l’édification des nations passe souvent par des soubresauts, voire des fureurs, avant d’atteindre les plaines de la concorde; que la survie de la démocratie passe par un système de gouvernement où des agencements juridiques et institutionnels intelligents permettent de limiter le pouvoir pour contenir l’inclinaison naturelle vers ses excès ».
« C’est ce qu’il essaya de traduire dans sa mouture de l’avant-projet de Constitution des années 1990 qui, si elle avait été suivie, nous aurait épargné peut-être bien des dérives; car il proposait entre autres un mandat présidentiel renouvelable une seule fois, la possibilité de la candidature indépendante, une élection présidentielle à deux tours. On peut regretter que notre environnement politique ne permette pas souvent à nos esprits les plus talentueux de mettre toute l’étendue de leurs connaissances au service de la patrie », peut-on lire.
Et de conclure : « Sur la scène publique, derrière les postures et les désaccords même tapageurs, il y a des êtres humains qui s’estiment, se respectent pour ce qu’ils sont, capables de faire ou de refaire les ponts que certains voudraient irrémédiablement rompus, afin de construire ensemble quelque chose de beau, de fort, de plus grand que nous: le Cameroun, notre maison commune. Que l’âme du Professeur Joseph OWANA repose en paix ! »
Carrière professionnelle
Pr Joseph Owona a été plusieurs fois ministre de la République avant d’être nommé membre du Conseil constitutionnel en avril 2020. Fonction qu’il occupait jusqu’à son décès ce 6 janvier 2024. Sa nomination en tant que Secrétaire général adjoint de la présidence de la République en 1985, constitue le déclic de sa longue carrière dans le gouvernement.
En effet, il a été ministre de l’Enseignement supérieur de 1990 à 1992, Secrétaire général de la présidence de la République de 1992 à 1994, ministre de la Santé publique de 1994 à 1996, ministre délégué à la présidence chargé du Contrôle supérieur de l’Etat de 1996 à 1997.
Ensuite, ministre de la Jeunesse et des Sports de 1997 à 2000, ministre de l’Education nationale de 2000 à 2004. Il quitte alors le gouvernement avec une riche expérience. C’est ainsi qu’il a été porté à la tête du Comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football de 2013 à 2015. Ici, il aura apporté sa rigueur de juriste et l’intransigeance du haut commis de l’État pour l’amélioration de la gestion de l’instance faitière du football.
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