[Vitrine du Cameroun] – Le 11 juin dernier, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a adressé une demande officielle au ministre de la Santé publique du Cameroun, Manaouda Malachie. Cette demande exige que l’autorité sanitaire du pays justifie ou rembourse une somme de 852,5 millions de FCFA avant le 11 août 2024. Ce montant a été identifié comme des « dépenses potentiellement non-conformes » dans le cadre d’une subvention gérée par le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP).
La demande du Fonds mondial intervient dans un contexte où la transparence et la responsabilité financière sont devenues des préoccupations majeures dans la gestion des subventions internationales. Le Cameroun, bénéficiaire de ces fonds, est tenu de démontrer que les ressources allouées sont utilisées de manière appropriée et efficace pour atteindre les objectifs de la lutte contre le paludisme. Le manquement à ces exigences pourrait entraîner des conséquences significatives, telles que la suspension ou la réduction des financements futurs.
Cette situation met en lumière l’importance de la bonne gouvernance et de la transparence dans la gestion des fonds publics et internationaux. Le Cameroun, à travers le PNLP, doit fournir des explications détaillées et des preuves justificatives pour chaque dépense controversée. La gestion rigoureuse des fonds est cruciale non seulement pour maintenir la confiance des bailleurs de fonds, mais aussi pour assurer que les efforts de lutte contre le paludisme soient effectivement menés à bien et que les populations à risque bénéficient réellement des interventions prévues.
Afin de comprendre les raisons sous-jacentes de cette demande de justification, il est essentiel d’examiner les pratiques de gestion financière du PNLP ainsi que les mécanismes de contrôle et de suivi mis en place. La transparence dans ces processus est fondamentale pour garantir que les ressources dédiées à la lutte contre le paludisme soient utilisées de manière optimale et ciblée, maximisant ainsi l’impact des programmes de santé publique au Cameroun.
Répartition des dépenses en question
Les dépenses relatives à la lutte contre le paludisme au Cameroun, que le Fonds mondial demande de justifier, se divisent principalement en deux grandes catégories. La première catégorie concerne 668 millions 914 mille FCFA, alloués à l’achat de produits de santé spécifiques à la lutte contre le paludisme. Ces produits comprennent des médicaments antipaludiques, des moustiquaires imprégnées d’insecticide, des kits de diagnostic rapide et d’autres équipements essentiels pour la prévention et le traitement de la maladie.
La deuxième catégorie, s’élevant à 183 millions 617 mille FCFA, est destinée aux coûts de gestion d’approvisionnement et de stockage de ces mêmes produits. Ces coûts sont liés aux opérations de la Centrale Nationale d’Approvisionnement en Médicaments et Consommables Médicaux Essentiels (CENAME) ainsi qu’à cinq des dix Fonds Régionaux pour la Promotion de la Santé (FRPS) au Cameroun. Les frais incluent le transport, l’entreposage, et la distribution des produits de santé aux différentes régions du pays.
Pour justifier ces dépenses, il est crucial d’examiner les processus d’acquisition et de distribution des produits de santé. Cela implique de vérifier les documents de passation de marchés, les factures d’achat, les bons de livraison, et les registres de distribution. Une traçabilité claire de chaque étape, depuis l’achat jusqu’à l’acheminement final des produits aux centres de santé, permettra de garantir que les fonds ont été utilisés de manière adéquate et transparente.
En outre, l’analyse des coûts de gestion d’approvisionnement et de stockage doit inclure une évaluation des contrats de service avec les transporteurs et les entrepôts, ainsi que des rapports d’activité de la CENAME et des FRPS concernés. Un audit détaillé de ces éléments aidera à identifier les points de contrôle potentiels et à fournir des pistes de justification solides.
Évaluations et constatations du Fonds mondial
Entre mai et décembre 2023, le Fonds mondial a entrepris une série d’évaluations minutieuses au Cameroun, menées par son agent local. Ces évaluations avaient pour objectif de scruter de près les pratiques de stockage et la gestion des produits de santé, éléments centraux des programmes nationaux de lutte contre le paludisme, la tuberculose et le VIH/SIDA. Une attention particulière a été accordée à la traçabilité des produits achetés par le Fonds mondial, afin de garantir que les ressources soient utilisées de manière optimale et atteignent les populations cibles.
Les résultats préliminaires de ces enquêtes ont mis en lumière plusieurs points critiques. Premièrement, des lacunes significatives ont été observées dans les pratiques de stockage des produits de santé. Des anomalies telles que des conditions de stockage inadéquates et un contrôle insuffisant des températures ont été notées, ce qui pourrait compromettre l’efficacité des médicaments et autres produits médicaux. Deuxièmement, la gestion des produits de santé a révélé des faiblesses institutionnelles, notamment au niveau de l’inventaire et de la distribution. Des cas de pertes inexplicables de stocks et de retards dans la distribution ont été rapportés, ce qui a un impact direct sur la disponibilité des traitements pour les patients.
Par ailleurs, la traçabilité des produits achetés a montré des lacunes en matière de documentation et de suivi. L’absence de registres précis et de systèmes de suivi électronique a rendu difficile la vérification de la destination et de l’utilisation des produits de santé. Enfin, la qualité des structures ayant reçu les produits en 2022 a été jugée inégale, avec certains établissements ne respectant pas les normes minimales de gestion et de stockage.
Ces constatations ont conduit le Fonds mondial à exiger des justifications détaillées de la part des autorités camerounaises, afin de clarifier les dysfonctionnements observés et d’élaborer des mesures correctives. Cette démarche vise non seulement à assurer la transparence et la responsabilité dans l’utilisation des fonds, mais aussi à renforcer les capacités locales pour une gestion plus efficace des programmes de santé.
Implications et perspectives pour le Cameroun
La demande du Fonds mondial de justifier les dépenses engagées dans la lutte contre le paludisme présente des implications majeures pour le Cameroun. En l’absence de justification satisfaisante, le pays pourrait non seulement affecter les financements futurs pour la lutte contre le paludisme, mais également compromettre les autres programmes de santé publique. La gestion inefficace des fonds pourrait donc entraîner une réduction des aides internationales, rendant plus difficile la mise en œuvre de projets de santé essentiels.
Pour éviter de telles conséquences, il est impératif que le gouvernement camerounais et les institutions concernées prennent des mesures urgentes pour renforcer la transparence et la gestion des fonds. Ceci inclut la mise en place de systèmes rigoureux de suivi et d’évaluation des dépenses, ainsi que l’amélioration des mécanismes de contrôle interne. Une meilleure formation des gestionnaires de fonds et une collaboration accrue avec des organismes de surveillance indépendants pourraient également contribuer à garantir une utilisation plus efficace des ressources financières.
Les implications pour la lutte contre le paludisme au Cameroun sont également significatives. Une réduction des financements pourrait ralentir les progrès réalisés dans la réduction de la prévalence de cette maladie. Il est donc crucial de maintenir un flux de financement constant pour continuer à distribuer des moustiquaires, fournir des traitements et mener des campagnes de sensibilisation. Les efforts pour éradiquer le paludisme pourraient être gravement compromis si le pays ne parvient pas à justifier ses dépenses de manière adéquate.
Pour l’avenir, il est recommandé que le Cameroun adopte des pratiques de gestion financière plus rigoureuses et transparentes. La mise en place de partenariats avec des organismes internationaux pour partager les meilleures pratiques et les connaissances en matière de gestion des fonds pourrait également être bénéfique. Ces mesures permettront non seulement de garantir l’efficacité des programmes de santé, mais aussi de renforcer la confiance des donateurs internationaux et d’assurer un soutien financier continu pour les initiatives de santé publique.
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