Elites politiques africaines-Images générées
[Vitrine du Cameroun ]- Dans un article scientifique publié le 19 mai 2025 dans la revue SN Business & Economics, les chercheurs camerounais Fabrice Assoumou Zambo, Fred Eka et Omang Ombolo Messono s’interrogent sur un facteur souvent sous-estimé dans le débat sur le développement économique : la qualité des élites. En s’appuyant sur une base de données couvrant 123 pays sur la période 2007–2020, ils examinent la manière dont les élites influencent – ou non – la prospérité des nations.
Au terme de leur travail scientifique, les trois chercheurs parviennent à une conclusion on ne peut plus claire : la qualité des élites, définie par leur compétence, leur capacité de gouvernance et leur intégrité, a une influence notable sur la prospérité économique. Ce lien est particulièrement fort en Europe, en Asie et dans les Amériques. Mais en Afrique, la relation est encore faible et non significative. Les auteurs expliquent ce paradoxe africain par divers facteurs : faiblesse des institutions, persistance de logiques de rente, élites prédatrices, instabilité politique, et complexité des contextes économiques locaux qui limitent l’action même des élites compétentes.
Des canaux d’influence multiples
La recherche ne s’arrête pas à un simple constat. Elle identifie des facteurs de médiation par lesquels les élites agissent sur la prospérité : espérance de vie, niveau d’éducation, confiance interpersonnelle, stabilité macroéconomique et liberté d’investissement. Ces variables renforcent le rôle positif des élites dans un contexte de bonne gouvernance. A rebours, des élites inefficaces ou corrompues sont corrélées à des taux élevés de mortalité infantile et à l’emploi précaire.
Pour parvenir à ces résultats, les auteurs ont mobilisé une méthodologie économétrique : utilisation de régressions OLS, analyse en deux étapes et analyse de médiation. Cette approche scientifique leur a permis de mieux contrôler les biais d’endogénéité et des variables omises.
Les auteurs indiquent par ailleurs que l’indice de prospérité utilisé – le Legatum Prosperity Index – va bien au-delà du PIB par habitant. Il prend en compte des dimensions sociales comme la cohésion, les opportunités économiques et la capacité d’un pays à autonomiser ses citoyens.
Des pistes de réforme pour les pays africains
Les chercheurs parviennent à un consensus : la nécessité pour les pays africains de renforcer la qualité de leurs élites par la transparence, la formation, la responsabilisation et l’inclusion. Le développement de programmes éducatifs de haut niveau, la participation citoyenne, et le renforcement des institutions sont autant de leviers proposés pour améliorer la gouvernance et donc, indirectement, la prospérité.
Loin d’être une réflexion académique oiseuse, cette production scientifique, eu égard à la panoplie de solutions qu’elle expose, est de l’avis de Fabrice Assoumou, l’un des coauteurs, « une lecture incontournable pour les chercheurs, les décideurs publics et tous ceux qui s’intéressent à la gouvernance, au développement et à l’inclusion économique», confie-t-il à Vitrine du Cameroun.
Le travail du trio d’économistes se veut in fine, une boussole qui vise à renforcer la formation, la responsabilisation et la transparence des élites africaines. Car sans élites compétentes et intègres, il n’existe pas de gouvernance efficace ou de prospérité durable.
Découvrez l’intégralité de l’article en cliquant sur le lien ci-dessous.
https://link.springer.com/article/10.1007/s43546-025-00825-8









