[Vitrine du Cameroun] – Dans une interview accordée au journal Économie du Cameroun, l’universitaire fait une analyse de la crise qui secoue le Gicam. Selon lui, « si le conseil des Sages venait à censurer le projet de fusion, il ne serait pas surprenant que Célestin Tawamba démissionne ».
Le débat sur le traité de fusion-création des deux principales organisations patronales du pays divise actuellement la classe intellectuelle. Quel est votre avis ?
Le débat sur le traité de fusion-création des deux organisations patronales est effectivement l’occasion d’une forte divergence entre ceux qui y voient une chance pour le patronat et l’économie camerounaise, et ceux qui indexent ce projet. Ma collègue Loveline Tayou et moi-même, en cosignant une tribune commune, avons modestement partagé quelques considérations sur ce sujet il y a quelques jours. Nous avons choisi de poser un regard synoptique sur cette actualité en affirmant dans ce texte, paru dans la presse, que cette querelle occulte en réalité le débat de fond, celui de l’urgente refondation du Gicam. En effet, après 66 ans d’existence, il est évident que le Gicam a besoin d’une véritable cure de jouvence.
Mais s’agissant singulièrement de votre question, il semble évident que le processus de fusion – création initié par le président actuel du Gicam viole les textes qui régissent cette organisation patronale. D’abord parce que cette fusion bafoue le pouvoir d’initiative et de décision du conseil d’administration qui s’est opportunément vu transformé en une chambre d’acclamation. Des informations glanées à bonnes sources révèlent avec constance que les administrateurs du Gicam ont adoubé le principe de la fusion et attendaient de délibérer collégialement et à bon droit sur un projet de traité de cette fusion. Malheureusement le Président de céans n’a pas jugé utile d’ouvrir ce débat, et leur a présenté à la place, pour acclamation, un traité dont ils ignorent tout de la substance et de la consistance.
Par ailleurs, et ce qui est fort surprenant, l’avis du conseil des sages du Gicam qui devait être donné préalablement à la signature du traité de fusion a été occulté. Ce qui peut soit s’apparenter à une défiance vis-à-vis de cette instance, soit attester de l’inutilité de son institutionnalisation.
Qui plus est, en entendant inviter l’Assemblée Générale Extraordinaire du GICAM à ratifier simplement ce traité de fusion, le Président Tawamba violerait la souveraineté de l’assemblée générale qui serait ainsi, à la suite du conseil d’administration, transformée en caisse de résonnance. Ce qui serait une incongruité, dans la mesure où l’assemblée générale qui décide en dernier ressort, est habilitée à se prononcer sur tout projet de fusion, qu’elle peut modifier à sa guise, rejeter, ou éventuellement adopter, mais jamais un traité déjà signé !
Qui pourrait défendre le fait que, dans une organisation, en contexte supposément démocratique, le Président puisse unilatéralement s’arroger le pouvoir d’engager un processus pouvant conduire à la dissolution de celle-ci ? Vous l’aurez compris, le projet de fusion ECAM – GICAM tel qu’il est actuellement libellé, pensé et exécuté, porte en lui-même les germes de son annulation. Et,tout ceci est d’autant plus surprenant que le GICAM, qui se fait le chantre de la bonne gouvernance et l’exemplarité qu’elle induit, vient à peine de publier un Code de bonne gouvernance des entreprises.
En effet, si le conseil des Sages venait à censurer le projet de fusion, il ne serait pas surprenant que le Président actuel démissionne avant la fin de son mandat. Le Conseil d’administration du GICAM devrait aussitôt l’y inviter s’il souhaite conserver une quelconque légitimité pour continuer à diriger le Groupement pour le reste du mandat. Il me semble que c’est la pratique de la démocratie associative dans toutes les organisations qui se respectent.
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