[Vitrine du Cameroun] – Une quarantaine de producteurs de cacao et café regroupés au sein de la Confédération des producteurs de cacao du Cameroun (Conaprocam) et du Golden Cocoa ont pris part à un atelier de sensibilisation organisé le 9 juillet 2024 à Yaoundé sur le Standard 2020 de Rainforest Alliance, le règlement de l’Union européenne relatif à la déforestation et à la dégradation des forêts (RDUE) et l’offre RDUE de l’Ong internationale Rainforest Alliance.
L’activité avait pour objectif de présenter le programme de certification de Rainforest Alliance et des secteurs couverts au Cameroun, de présenter le RDUE et ses implications pour les exploitations agricoles et la chaîne d’approvisionnement notamment dans les secteurs cacao et café au Cameroun, de mettre en évidence les implications du règlement pour les agro-industries et l’accompagnement dont elles pourraient de bénéficier et amorcer la réflexion sur une potentielle collaboration avec les parties prenantes.
« Il s’agit d’inviter les coopératives à fournir un produit (cacao et café) qui est respectueux du RDUE. Nous avons pensé qu’il était important pour Rainforest Alliance d’informer ses potentiels clients et/ou partenaires à la compréhension de ce règlement, surtout celles qui ne sont pas labélisées Rainforest Alliance. Nous savons bien que tout le cacao ne va pas chuter au sein de l’Union européenne. Par contre, environ 70% du cacao camerounais chute dans les ports européens. Et il fallait penser à ceux qui ne sont pas certifiés Rainforest Alliance », justifie le responsable certification pour l’Afrique centrale, Rainforest Alliance, Yannick Cyrille Mboba. L’enjeu, pour cet expert, est de se rassurer qu’au lendemain de l’entrée en vigueur du RDUE, les acteurs au niveau de la base soient sensibilisés et prêts à affronter cette nouvelle donne.
Les attentes des participants comblées
En 2020, le Cameroun a exporté 65% de sa production de cacao et un peu plus de 50% de sa production de café vers l’UE. Ce qui représente une proportion importante du marché pour lequel les fournisseurs et les acheteurs devront désormais présenter une déclaration de diligence raisonnée comportant des éléments de traçabilité (point GPS des parcelles) et des preuves qu’il ne provient pas des terres déboisées après le 31 décembre 2020 en plus de la conformité aux lois camerounaises pertinentes sur les droits d’usage des terres, l’environnement, les droits de l’homme, les droits des peuples autochtones, le travail, le commerce, les douanes et les taxes.
« Nous sommes ravis de l’organisation de l’atelier. Il était question de voir dans quelle mesure s’arrimer et prendre cette nouvelle disposition (RDUE, ndlr) comme une opportunité. Rainforest Alliance nous a proposé un plan d’accompagnement des coopératives et est même prêt à faire du suivi. Ce qui est très important pour nous », se réjouit la directrice exécutive de la Confédération des producteurs de cacao du Cameroun (Conaprocam), Gérardine Sonkoué Tchiadze. Et d’ajouter : « Cette exigence est une obligation pour faire face au changement climatique qu’on vit au quotidien, même si au niveau de l’Afrique, le taux est très faible. Déjà, il est difficile de maîtriser le calendrier agricole et de préciser les dates de semis. Même au niveau de la cacaoyère, on a beaucoup de pertes. Ces exigences ont un coût élevé, que ce soit la certification Rainforest Alliance ou la RDUE. Mais, nous aimerions que le coût de vente du cacao prenne aussi en compte tous ces paramètres et qu’au niveau gouvernemental, toutes les facilités soient accordées au producteur pour s’arrimer ».
Le directeur général Golden Cocoa, André Marie Edzigui, abonde dans le même sens. « Aujourd’hui, avec les nouvelles exigences de l’Union européenne liées au règlement zéro déforestation, il est très important pour nous d’être accompagnés, afin qu’en 2025, nous poussions y répondre. Il est question de s’inscrire dans la démarche de Rainforest Alliance avec toutes nos coopératives, afin qu’elles s’arriment ». « L’Union européenne est notre premier marché. Nous sommes contraints de satisfaire ses exigences. Notre organisation compte à peu près 34 coopératives et il est question de capitaliser les atouts de la nouvelle règlementation », martèle-t-il.
Alignement de Rainforest Alliance aux exigences du RDUE
Rainforest a fait une certaine évaluation des critères du règlement et des exigences de son standard. « Nous avons pu voir quelques points d’alignement entre le standard Rainforest Alliance et le règlement de l’Union européenne. Nous avons également vu quelques points d’ajustement que nous avons vite fait de mettre à jour depuis le 15 juin dans notre standard pour nous conformer au règlement de l’Union européenne », soutient Yannick Cyrille Mboba. L’offre RDUE est un ensemble d’exigences qui, combinées aux exigences de Rainforest Alliance sont respectueuses d’un bon nombre de critères du RDUE. « Donc, toutes les entreprises qui vont solliciter Rainforest Alliance comme label, auront un bon nombre de conformités à présenter une fois que leur cacao sera sur le port européen », poursuit-il.
Le règlement autorise les systèmes de certification ou d’autres systèmes vérifiés par des tiers à fournir des informations complémentaires, aux fins de l’évaluation des risques. L’objectif est de contribuer à satisfaire les exigences en matière d’informations. C’est dans ce contexte que Rainforest Alliance a développé une offre de certification pour accompagner les agro-industries dans la mise en œuvre du RDUE. L’offre comporte un ensemble d’outils et de systèmes pour la conformité aux exigences du règlement. Elle s’adosse sur le programme de certification de Rainforest Alliance dont les outils et systèmes permettent déjà de répondre à certaines exigences du RDUE. L’atelier de Yaoundé visait donc à faire connaître le positionnement de Rainforest Alliance par rapport à la RDUE.
Rainforest Alliance a également prévu un autre atelier pour le groupe des exportateurs qui d’après elle, travaillerait en étroite collaboration avec les coopératives. « Nous pensons établir un lien commercial entre les exportateurs et les producteurs. L’idée est de pouvoir organiser un atelier où les deux entités pourraient se retrouver au sein d’une même plateforme, pour établir des partenariats commerciaux. Nous ne parlons plus de durabilité au niveau de la production, mais de manière globale du développement des chaînes d’approvisionnement durables au Cameroun », confie le responsable certification pour l’Afrique centrale. La démarche implique que tous les acteurs dans la chaîne puissent penser durabilité, depuis le pépiniériste, le producteur, le transporteur, le chargeur, le transformateur, le chocolatier, etc. L’idée, pour l’Ong internationale basée aux Etats-Unis, est de former tous les maillons sur les techniques de production durables.
Qu’est-ce qui a motivé le Règlement zéro déforestation de l’Union européenne ?
Selon les estimations de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la perte de forêts dans le monde entre 1990 et 2020 était de 420 millions d’hectares. L’expansion des terres agricoles a contribué à hauteur de 90% à la déforestation mondiale (FAO). La commission de l’Union européenne (UE) relève en outre que l’expansion agricole est liée à une série de commodités dont l’UE est un consommateur majeur. Entre 1990 et 2008, la consommation de l’Union européenne a été responsable de 10% de la déforestation mondiale.
Afin d’enrayer et d’inverser la déforestation dont l’UE est responsable à l’échelle mondiale, le Parlement européen a adopté le 31 mai 2023 le Règlement sur la déforestation relatif à la mise à disposition sur le marché de l’Union et à l’exportation à partir de l’Union de certains produits de base et produits associés à la déforestation et à la dégradation des forêts (RDUE).
La déforestation et/ou la dégradation des forêts étant des facteurs favorables au réchauffement climatique, à la perte de la biodiversité, à l’érosion des sols et à la désertification constituent autant de défis environnementaux importants de notre époque, il était important pour l’UE de prendre des mesures conséquentes pour les adresser. Le RDUE apparaît ainsi comme un moyen pour minimiser le risque que des produits associés à la déforestation entrent sur le marché européen et contribuer aux efforts mondiaux visant à lutter contre ces facteurs qui entravent le développement durable.
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