[Vitrine du Cameroun] – Est-il encore crédible ? Parmi les principes du raisonnement logique, il existe un en philosophie qu’on appelle : le principe de non contradiction. Selon cette loi de la vérité, une chose ne peut pas à la fois être fausse et vraie ou bonne et mauvaise.
Jean Bruno Tagne est un brillant homme de média au Cameroun. Je lui reconnais beaucoup de talents. En 2010, après une coupe du monde malheureuse pour le Cameroun, Jean Bruno a énuméré les causes de notre débâcle au mondial sud-africain. Programmés pour échouer est le titre d’un ouvrage fort évocateur dans lequel il pointe du doigt Samuel Eto’o comme un des artisans du chaos de l’équipe nationale à cette odieuse aventure.
Dix ans après, l’opinion publique connaissait ce que Jean Bruno pense de Samuel Eto’o. Mais, nous avons tous été surpris de le voir devenu directeur de campagne du Grand 9 qui candidatait pour la présidence de la Fecafoot (fédération camerounaise de football). Dix ans plus tôt, il jetait le discrédit sur Samuel Eto’o à grand renfort d’érudition. Tout d’un coup, il est devenu la voix du grand buteur national. Comme prélat, j’avais cependant cru en Jean Bruno Tagne parce que je suis convaincu que la conversion est possible. On peut se tromper à un moment et retrouver le droit chemin par la suite.
Élu en décembre 2021, Samuel Eto’o et Jean Bruno devaient travailler ensemble tout au moins pendant le mandat qu’ils venaient de glaner. Même pas au bout d’un an, nous apprenions malheureusement la démission de Jean Bruno Tagne. Après avoir poussé l’opinion nationale à faire confiance à Eto’o, à le préférer à tout autre candidat et à voir en lui un messie, le grand journaliste, au nom des intérêts qu’on découvre très personnels aujourd’hui, change de costume. Il lâche Eto’o dont il était directeur de campagne ainsi que le grand public qui lui faisait confiance.
Or, au lieu de se taire ou de tourner la page, Jean Bruno veut se dédire en nous présentant un Samuel Eto’o autre que celui pour lequel il a battu campagne. La contradiction est donc flagrante. Elle frise le mensonge, le ridicule et le manque de bon sens. Pourtant, la vérité ne peut pas dépendre des aspirations personnelles de Jean Bruno Tagne. Eto’o est bon quand il promet des merveilles et devient un Diable lorsqu’aucune n’aboutit. Jean Bruno, on ne doit pas prendre la vie avec autant de subjectivité et pomper des littératures à des fins de tromper même les plus avertis.
Au Cameroun, il nous faut avoir des valeurs. La fidélité à ses idées ou encore à un ami en est une. Le respect de soi-même en est une autre. Mais, le mercantilisme nous pousse à dire oui à quelqu’un aujourd’hui au nom des intérêts qu’on miroite et à l’insulter demain parce qu’on est déçu. Ce n’est pas sérieux. Il faut être un homme de convictions. Même étant pauvre, on a de la valeur et on peut avoir le respect des autres.
Jean Bruno Tagne se contredit beaucoup et n’est plus à ce jour crédible. Tout ce qu’il peut dire de Samuel Eto’o aujourd’hui changera demain aussi vite que Samuel lui aura donné ce qu’il attend. Ce manque de cohérence convertit des chefs de famille en pantins, en marionnettes et en démagogues ou fait d’eux des opportunistes éhontés. Pourtant, on en veut voir des responsables, des sages et des modèles pour notre jeunesse qui souffre consécutivement à l’éclipse des valeurs souveraines.
Jean Bruno doit se ressaisir. On ne peut pas se plaire dans la contradiction, la manipulation et surtout l’offense à autrui. Ce n’est ni moral ni brave.
Abbé Jean Armel Bissi, prêtre et enseignant de philosophie ( Cameroun).
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