
[Vitrine du Cameroun] – Depuis sa nomination à la tête du ministère de l’administration territoriale en 2018, Paul Atanga Nji a été au centre de nombreuses controverses. Ses décisions, portant sur diverses interdictions, ont souvent suscité des réactions mitigées et des échecs sur le terrain. Notre rédaction en a catalogué 5.
Le Cameroun interdit la vente d’armes et de munitions dans six régions
En mai 2018, Paul Atanga Nji, en sa qualité de Ministre de l’Administration Territoriale, a émis une décision interdisant la vente d’armes de chasse et de protection dans six régions spécifiques du Cameroun. Cette détermination a été motivée par la nécessité de renforcer la sécurité publique dans un contexte où les tensions socio-politiques et les actes de violence étaient en augmentation. Ces mesures visaient à restreindre l’accès aux armes et à réduire les risques associés à leur possession inappropriée.
L’interdiction s’est concentrée sur des régions sensibles, où l’utilisation d’armes pouvait exacerber les conflits locaux ou inciter à la violence. En théorie, cette décision visait à protéger les citoyens et à prévenir une escalade de la violence dans ces zones. Malgré cette initiative, l’application de la prohibition s’est révélée difficile. En effet, malgré l’annonce officielle de l’interdiction, les importations d’armes se sont poursuivies, montrant ainsi une augmentation inquiétante du trafic d’armes sur le territoire national. De cette période à date, le volume des importations d’armes, de munitions et d’équipements accessoires en 2023 a progressé de +42%.
Vente des machettes dans la zone anglophone
Dans une correspondance aux gouverneurs du Nord-Ouest et du Sud-Ouest le 18 août 2020, Atanga Nji instruit la mise en œuvre d’une réglementation spéciale relative à la vente des machettes, haches et le fer. Dans le contexte de la crise anglophone, la réglementation spécifiquement introduite en 2020 visait à encadrer la commercialisation et l’utilisation de ces instruments potentiellement dangereux.
Cette réglementation établissait des conditions précises pour l’acquisition de machettes et d’outils similaires. Tout achat devait être accompagné d’une justification claire, liée à des besoins agricoles ou de construction. Les vendeurs devaient également se conformer à des normes strictes, incluant une vérification de l’identité de l’acheteur et le motif précis de l’achat. Malgré ces bonnes intentions, la mise en œuvre de cette réglementation s’est avérée difficile, voire impossible sur le terrain.
Le Cameroun interdit la vente et l’usage de la chicha et de ses produits
Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, à travers un arrêté signé le 7 mars 2022, avait instruit les autorités administratives à initier des actions appropriées en vue de lutter contre cette drogue.
Le texte interdisait de façon formelle, l’importation, la vente, la promotion et la consommation de la chicha pour protéger la santé de la population. Alors que l’application de cette décision n’a pas été palpable sur le terrain, le même ministre, à fin septembre 2024, a menacé son collègue de la Santé dans une lettre ouverte, lui demandant de cesser la lutte contre la consommation dans les débits de boisson.
Interdiction de l’expression « mes chers compatriotes »
En début du mois de mai 2024, le Ministre de l’Administration Territoriale, Paul Atanga Nji mettait en garde les opposants qui utilisent régulièrement les formules « mes chers compatriotes » dans leur discours. Selon lui, « tout le monde le sait, seul le Chef de l’État incarne les institutions républicaines. Les acteurs politiques qui prétendent respecter les institutions doivent commencer par respecter celui qui les incarne, En effet, un député aux abois, exclu récemment d’un parti politique, tient régulièrement des propos désobligeants à l’endroit du Président de la République ». Cette autre interdiction de Paul Atanga s’est soldée par un échec. Puisqu’au lendemain de son interdiction, plusieurs présidents des partis d’opposition s’étaient inscrits en faux contre cette démarche.
Interdiction des débats sur la santé de Paul Biya
Alors que l’état du président, âgé de 91 ans, fait l’objet de rumeurs alarmantes sur les réseaux sociaux, Paul Atanga Nji dans une lettre le 9 octobre 2024, interdit « formellement » aux médias d’évoquer cette actualité. Désormais, « tout débat dans les médias sur l’état de santé du président est donc strictement interdit. Les contrevenants s’exposeront à la pleine force de la loi », a déclaré Atanga Nji. Reste à voir comment cette autre mesure sera exécutée sur le terrain.
Toutefois, en plus d’entacher la relation entre l’État et les médias, cette interdiction met en lumière les défis auxquels font face les journalistes et le paysage médiatique au Cameroun. En soustrayant de manière arbitraire des sujets de discussion publiés, le gouvernement cherche à contrôler non seulement la narration médiatique, mais aussi à verrouiller les conversations sociopolitiques essentielles à la bonne gouvernance et à la transparence. Les implications de cette mesure peuvent avoir des répercussions durables sur le climat public et sur la confiance que la population accorde à ses dirigeants.
Depuis la nomination de Paul Atanga Nji au poste de ministre de l’Administration territoriale (MINAT) en 2018, ses décisions, notamment les interdictions édictées, ont suscité des réactions variées tant du public que des partis politiques au Cameroun. Ces mesures, souvent perçues comme fantaisistes, font systématiquement l’objet de critiques, ainsi que de débats acharnés au sein de la société camerounaise.

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