[Vitrine du Cameroun] – Le ministre camerounais de l’Agriculture et du Développement Rural (Minader) a annoncé la mise en disponibilité de 400 000 hectares de terres sur le corridor Batchenga-Ngaoundéré au profit de l’Agriculture. Greenpeace demande au Cameroun de ne pas continuer de « vendre » les terres au profit des projets agro-industriels qui rendent difficile la vie des communautés et de la biodiversité qui s’y trouvent.
Le Cameroun veut implémenter le projet d’aménagement de 400 000 hectares de terre et d’installation des grands producteurs agricoles dans la plaine centrale, le long du corridor Batchenga-Ntui-Yoko-Tibati-Ngaoundéré.
Ce projet, d’après les explications du Minader, est constitué pour une autoroute agricole et est porté par le Ministère de l’Agriculture et du Développement Durable et le Ministère des Domaines du Cadastre et des Affaires foncières. Il représente la première phase d’un projet plus vaste qui vise à créer un espace de 1,131 million d’hectares pour les moyennes et grandes exploitations agricoles.
« Le Cameroun s’est joint au reste du monde il y a juste quelques jours pour célébrer les journées mondiales de la Biodiversité et de l’Environnement. Et le gouvernement camerounais a réitéré l’engagement du Cameroun à protéger la biodiversité ainsi que l’environnement. De l’autre côté, le Minader annonce que 400 000 hectares de terres vont bientôt être mis à la disposition des agro industries. Un réel paradoxe car ce projet pourrait contribuer à porter atteinte à la biodiversité et l’écosystème de la zone ciblée surtout avec de potentiels impacts sur deux aires protégées: les parcs nationaux de Mpem et Djim d’une part et du Mbam et Djerem de l’autre. Dans la même lancée, l’on pourrait s’interroger sur l’optimisme et les objectifs du Minader autour de ce projet quand on sait que les projets agro industriels jusqu’ici implémentés au Cameroun n’ont pas permis de produire ce que nous consommons », déclare Stella Tchoukep, Chargée de la Campagne Forêt chez Greenpeace Afrique.
« L’on pourrait ainsi se demander pourquoi le Gouvernement n’encourage pas davantage l’agriculture au niveau familial qui a, par le passé, constitué (et constitue encore d’ailleurs) la base de la production agricole et permis jadis d’atteindre l’autosuffisance alimentaire du Cameroun, au lieu d’aménager un pont d’or pour le développement des agro industries dont la production est très (trop) souvent exportée, et où les camerounais sont généralement employés et payés à des salaires de misère? » ajoute Stella Tchoukep
Ce projet va couvrir une superficie qui représente près de 13 fois la ville de Yaoundé, la capitale du Cameroun. « Il est une potentielle menace sur les droits des communautés qui vivent sur les terres ainsi délimitées. En effet, des populations vont certainement être obligées de quitter leurs villages, terres coutumières et leurs terroirs d’activités, au profit de la mise en œuvre de ce projet agricole. Il y a certes un mécanisme d’indemnisation qui sera enclenché mais elle ne saurait être une mesure de compensation efficace quand on sait que la loi relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique et aux modalités d’indemnisation de 1985 et son décret d’application de 1987 ne rendent pas des tout justices aux communautés », affirme Stella Tchoukep.
Le projet est mis sur la table alors que le Cameroun n’a pas achevé la série de réformes engagées (réformes foncières, forestières et de l’aménagement du territoire). Pour Stella TCHOUKEP, ces réformes « devraient prendre en compte un certain nombre de préoccupations présentes et futures des communautés, notamment les besoins en terre et la sécurité alimentaire, l’impératif de la lutte contre les changements climatiques et de la protection de la biodiversité par une approche basée sur les droits ».
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