Depuis cette annonce, les avis sont partagés. D’aucuns se réjouissent. Le Colonel Emmanuel Afane Mekoua, officier supérieur des armées qui a pris sa retraite anticipée aux premières heures de cette affaire pour défendre les terres de son village exprime sa satisfaction. « Nous sommes très contents parce que cela nous permet de retrouver nos terres et de penser à les mettre nous-mêmes en valeur. Evidemment, au début de notre combat, il y avait deux options : la première option, récupérer nos terres ou à défaut entrer dans le capital de la société Rubbercam. C’était l’objectif des populations. Maintenant que le promoteur de Rubbercam ferme les portes, il nous reste l’option de récupérer nos terres et de voir dans quelle mesure les mettre en valeur », affirme-t-il avec un brin d’émotion.
La cessation d’activités qui est désormais considérée comme une victoire mérite d’être capitalisée. « Puisque Pascal Gérard s’en va et que les plantations avaient déjà été engagées, le prochain combat sera de faire en sorte que ces plantations qui sont sur nos terres reviennent aux populations riveraines. Il s’agit de nous organiser pour essayer de voir comment est-ce que nous allons continuer l’exploitation au profit cette fois-ci des populations. Nous allons consulter nos partenaires dans ce sens et essayer d’avoir des investisseurs qui puissent nous aider à atteindre nos objectifs. Pourquoi pas solliciter même une subvention de l’Etat. Nous allons voir toutes les mesures nécessaires qui permettent que nous puissions exploiter nous-mêmes nos terres », martèle le colonel, par ailleurs président du comité de développement d’Avebe.
Alors que l’Etat est engagé dans la réalisation de plusieurs programmes agricoles, notamment dans les filières banane-plantain et manioc, notre source estime que c’est une opportunité à saisir. « L’exploitation de Pascal Gérard était sur l’hévéa et le plantain. Donc, si nous récupérons les plantations, nous aurons déjà de vastes espaces de plantain qui peuvent nous permettre de nous intégrer très rapidement dans le programme banane-plantain que le gouvernement est en train d’encourager en ce moment. Nous allons nous rapprocher de ces structures pour leur proposer notre partenariat et voir comment mettre en valeur nos terres au profit des populations », souligne l’officier supérieur des armées.
Toutefois, la plupart des personnes qui auraient bénéficié des largesses du promoteur Pascal Gérard sont touchées par le départ annoncé de RubberCam. Le colonel n’hésite pas à évoquer les chefs des deux villages Avebe et Meyos III et surtout le chef du canton Zaman. Malgré les griefs fonciers que les Zamanes ont avec cette entreprise, ces derniers estiment que la fermeture de RubberCam leur « laisse dans la tristesse, celle de voir un si grand projet s’envoler de l’espace zamane ». Dans l’entourage de RubberCam, le nom d’un certain Jean Claude Okono reconnu comme étant le représentant de M. Pascal Gérard est également sur les lèvres.
Si cette affaire a connu un dénouement heureux, c’est parce que personnes physiques et morales ont œuvré dans l’ombre. « C’est aussi l’occasion de remercier tous ceux qui nous ont aidé dans notre combat. Je pense notamment au Centre pour l’Environnement et le Développement (CED). Nous nous souvenons que cette Ong a perdu un grand cadre dans notre combat. Nous pensons à Monsieur Victor Amougou Amougou et les résultats que nous obtenons aujourd’hui sont assez parlants pour lui rendre hommage, parce que son décès (en mai 2024, ndlr) nous a fait très mal. Nous avons perdu un soldat, un combattant valeureux. Le départ de Rubbercam est pour nous comme un hommage à ce grand monsieur qui nous a vraiment apporté tout son appui dans notre combat », souligne le président du comité de développement d’Avebe. « Nous remercions également la collaboration des journalistes et toute l’administration qui a bien voulu reprendre en mains ce dossier. Je perle de l’administration camerounaise. Nous remercions les dirigeants de ce pays qui ont réussi à rattraper la bévue qu’avaient fait quelques brebis galeuses malheureusement au nom de l’Etat. Tout est bien qui finit bien », conclut notre interlocuteur.
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