Le Pr Noa dispensant sa leçon sur l'endométriose-Droits réservés
Dans l’amphithéâtre 700 de la Faculté de médecine et de sciences biomédicales de l’Université de Yaoundé I, le silence était studieux et l’attention palpable le 17 avril 2025. En marge de la journée internationale de sensibilisation à l’endométriose célébrée le 28 mars, l’Association des Résidents et Internes de Gynécologie Obstétrique du Cameroun (ARIGOC) a réuni ses membres pour un moment d’apprentissage exceptionnel : une présentation du professeur Claude Cyrille Noa Ndoua, agrégé de Gynécologie-Obstétrique.
Entre les douleurs chroniques et les troubles de la fertilité, l’endométriose figure parmi les affections les plus insidieuses de la santé féminine. Elle touche près de 10 % des femmes dans le monde, avec des conséquences majeures : 30 à 50 % de ces femmes peuvent rencontrer des difficultés à concevoir un enfant et jusqu’à 80 % souffrent de douleurs pelviennes. C’est pour mieux comprendre les mécanismes de cette maladie et explorer les avancées scientifiques en matière de diagnostic et de prise en charge que l’ARIGOC a fait appel à l’expertise de l’un des piliers de la discipline au Cameroun.
L’éclairage d’un maître pour armer les futurs spécialistes
Avec rigueur et pédagogie, le professeur Noa Ndoua a déroulé devant un auditoire captivé l’état actuel des connaissances sur l’endométriose : diagnostic souvent tardif, errance médicale, prise en charge multidisciplinaire etc. les points d’alerte sont nombreux, mais les pistes de solutions existent. Pour les jeunes internes et résidents de l’ARIGOC, ce fut une véritable source d’inspiration et d’enrichissement scientifique : une occasion rare d’abreuver leur savoir à la source même de la maîtrise universitaire.
Le Pr Noa a insisté sur l’importance d’un regard renouvelé sur cette pathologie qui, malgré sa prévalence, reste encore trop souvent méconnue ou banalisée. « Il faut savoir entendre la douleur des patientes, prendre en compte leur souffrance chronique et poser les bons gestes diagnostiques », a-t-il souligné.
Une mobilisation appelée à sortir des murs universitaires
Pour le Dr William Zambo Zambo, président de l’ARIGOC, cette rencontre n’était qu’un point de départ : « C’est une première pour notre association, et c’est important. En tant que professionnels de santé, nous sommes de plus en plus confrontés à des patientes atteintes d’endométriose. Cette maladie affecte profondément la qualité de vie des femmes, entraîne de nombreuses absences en milieu scolaire et professionnel, et constitue l’une des principales causes d’infertilité de couple », explique le jeune médecin.
Conscient de la portée communautaire de cette pathologie, le Dr Zambo Zambo affirme que l’engagement de l’ARIGOC dépasse les frontières de l’hôpital : « La médecine ne se limite pas aux hôpitaux. Nous devons aller vers les populations, faire de la promotion de la santé, sensibiliser dans les quartiers, les lycées, les marchés. Une femme qui a des douleurs pelviennes chroniques ne doit pas les banaliser. Il faut qu’elle sache que c’est peut-être l’endométriose, et qu’une prise en charge est possible », conclut-il.
Dans la continuité des campagnes de sensibilisation menées par l’ARIGOC, notamment lors de la Journée internationale de la femme, cette journée scientifique sur l’endométriose pose les bases d’un plaidoyer plus large. L’association entend multiplier les interventions publiques pour faire de l’endométriose un enjeu de santé publique reconnu au Cameroun.
Dans un pays où les maladies gynécologiques restent souvent taboues, ce type d’initiative contribue à briser le silence et à doter les futurs praticiens d’outils concrets pour mieux accompagner les femmes. Une chose est certaine : les jeunes membres de l’ARIGOC n’oublieront pas de sitôt cette rencontre avec leur maître, qui leur a offert bien plus qu’une leçon de médecine…Une leçon d’engagement.
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