[Vitrine du Cameroun] – Un décret signé par le premier Ministre le 27 Avril 2023, qui classe de nouveau une partie de la forêt d’Ebo est depuis quelques jours en circulation. Ce document replonge les communautés Banen dans l’épisode de 2020 qui les avait privés de leurs terres. Greenpeace invite le gouvernement à revenir en urgence sur cette décision qui met en mal le bien-être et l’avenir de ces communautés ainsi que la riche biodiversité que cette forêt abrite.
Cette nouvelle tombe alors que trois ans plus tôt, un décret similaire avait été signé puis retiré après les revendications faites par les communautés Banen au sujet de leurs terres ancestrales. Une décision qui avait alors été saluée par ces communautés ainsi que les défenseurs de l’environnement car elle redorait le blason du Cameroun à l’échelle nationale et internationale en matière de respect des aspirations des populations et de protection de l’environnement.
Face à ce rétropédalage, Greenpeace Afrique exprime sa déception et ses inquiétudes:
“ Le processus de classement ne semble pas avoir respecté les dispositions légales et réglementaires. Le retrait du décret de classement en 2020 suppose que tout nouveau processus de classement devrait prendre en compte le droit de préemption de ces populations sur cette forêt ou alors reprendre les consultations à leur début, ce qui ne semble pas avoir été fait. Nous craignons que, comme en 2020, un autre décret du premier Ministre ne vienne, dans des circonstances tout aussi floues, ériger la partie de la forêt d’Ebo restante en UFA 07 005. Le combat des communautés Banen de 2020 aura alors été vain et leurs demandes simplement ignorées.” affirme Sylvie Djacbou, chargée de la campagne forêt chez Greenpeace Afrique.
Le décret d’avril 2023 fait mention du respect des enclaves créées à l’intérieur du domaine forestier et délimitées autour des anciens villages identifiés lors de l’élaboration du plan d’aménagement. “Ceci reste une façon voilée de semer le doute autour de ceux qui s’étaient, en 2020, opposés au projet de classement de leur forêt, et ainsi de les diviser pour mieux avancer. Contrairement à ce qu’indique le décret, il ne s’agit pas d’enclaves créées car ces villages ont existé avant toute idée de classement de cette forêt.” ajoute Sylvie.
“Pour le reste, nous restons aux côtés des communautés Banen qui sont malheureusement ramenées en arrière et spoliées de leurs terres sans véritablement avoir été consultées et donc n’ont pas pu exercer leur droit de préemption, comme cela devrait être de mise en pareille circonstance. Ceci remet en cause toute idée de retour des Banen sur leurs terres ancestrales, qui a toujours été leur combat. Nous les encourageons à reprendre le bâton de pèlerin et se mobiliser pour rappeler au Gouvernement que les communautés restent les meilleures gardiennes et gestionnaires de la forêt et ne devraient pas en être séparées,“ déplore Sylvie Djacbou.
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