[Vitrine du Cameroun] – Favorisé par les déplacements forcés et autres violences, le multilinguisme est devenu courant au fil des années si bien qu’il se présente comme un défi majeur de l’alphabétisation pour la cohésion sociale et la paix durable dans les communautés. C’est d’ailleurs le fil d’Ariane de la 58ème Journée Internationale de l’Alphabétisation.
La faiblesse du nombre
On dénombre près de 7000 langues vivantes reparties dans environ 200 pays selon des récents chiffres de la base de données de l’institut de statistique de l’UNESCO. Une situation favorisée par la mondialisation et surtout les déplacements forcés. En 2022, « 108,4 millions de personnes avaient été déplacées de force à cause de persécutions, de conflits, de violences ou de violations des droits de l’homme », nous renseigne l’organisation.
Cette diversité qui est visiblement plus élevée en Afrique subsaharienne et en Asie-Pacifique cache un problème fondamental. Il apparaît que ces langues en mouvement sont reparties de manière inégale, si bien qu’elles sont menacées d’extinction tout comme les rapports entre leurs locuteurs. A titre d’illustration, « En 2020, 77% des langues dans les cyberespaces étaient dominées par seulement 10 langues », renseigne cet institut.
On apprend dans un rapport de l’Unesco que 4 personnes sur 10 dans le monde n’ont pas accès à une éducation dans une langue qu’ils parlent ou comprennent. Autant qu’elles sont, les langues sont pourtant des marqueurs d’identité, des vecteurs de transmission des connaissances et partant de préservation de la cohésion sociale. Ce qui peut justifier à l’évidence qu’on dénombre aujourd’hui 765 millions de jeunes et d’adultes analphabètes, comme le renseigne l’entité.
L’alphabétisation : révolutionnaire !
Venues de l’Afrique et du monde, près de 2000 personnes dont des représentants des gouvernements nationaux, des partenaires de développement et d’autres parties prenantes du monde entier, se sont retrouvés du 9 au 10 septembre 2024 au Palais des congrès de Yaoundé, la Capitale politique du Cameroun.
Objectif : mettre en lumière le pouvoir transformateur de l’alphabétisation autour d’une question : « Promouvoir l’éducation multilingue : l’alphabétisation pour la compréhension mutuelle et la paix » ; le thème retenu pour la 58ème édition de la Journée Internationale de l’Alphabétisation 2024, Organisée conjointement par l’UNESCO et le gouvernement du Cameroun en Anglais, en français et en espagnol.
Dans la mosaïque de la série d’événements et de réunions de haut niveau organisées à ce titre, l’importance de la préservation des langues a été plusieurs fois rappelée, ainsi que le rôle crucial de l’alphabétisation dans les contextes multilingues à savoir « favoriser la compréhension mutuelle, la cohésion sociale et une paix durable ».
Les actes
Pour donner de meilleures perspectives à l’alphabétisation dans le multilinguisme, les politiques, les programmes et les pratiques ont été passés en revue, afin de soutenir les Objectifs de Développement Durable (ODD), en particulier l’ODD4 qui vise à assurer une éducation de qualité pour tous. L’édition 2024 de la Journée Internationale de l’Alphabétisation a été relustrée par la présence au Cameroun de la Directrice Générale de l’Unesco. Audrey Azoulay était surtout porteuse d’une grande nouvelle pour le pays.
« Nous allons entrer dans une nouvelle phase encore plus ambitieuse de coopération sur l’éducation avec le Cameroun grâce à un financement du partenariat mondial pour l’éducation de près de 45 millions de dollars. Nous allons travailler avec les différents ministères en charge de l’éducation, pour un soutien plus accru à près de 15000 enseignants », a-t-elle annoncé.
Un appui qui va se matérialiser par un travail sur les curricula, la prise en charge et l’équipement des apprenants en manuels scolaires selon ses précisions. L’UNESCO poursuit cette mission depuis 2020 à travers le projet EDUCA TV, une chaine de télévision spécialisée dans l’éducation. Elle se distingue d’une télévision traditionnelle du fait de ses deux rubriques distinctes « Il y a la rubrique éducation formelle, où nous ciblons uniquement les enfants qui sont dans les classes d’examens (…) et la rubrique Education non formelle où nous avons des programmes d’édification sur la santé, la paix, la prévention de l’extrémisme, l’éducation à la prévention des discours de haine (…) », a renseigné Hilaire Mputu, le coordonnateur régional pour l’éducation en Afrique central à l’UNESCO.