
[Vitrine du Cameroun] – La Société des Plantations du Haut Penja (PHP), qui déploie ses activités de culture et production de bananes sur une superficie plus de 5 000 hectares dans le département du Moungo, région du Littoral, est au cœur d’une polémique. Les populations locales réclament en effet, la revalorisation du montant de la compensation financière qu’elle leur reverse en échange des terres utilisées.
Avec un volume de production annuelle d’environ 120 000 tonnes, la PHP exporte principalement vers les marchés d’Europe et d’Asie. Elle joue un rôle crucial dans le secteur agricole camerounais. Cependant, malgré son impact économique positif, des questions subsistent quant à sa responsabilité sociale et environnementale vis-à-vis des communautés locales…
Samedi 15 mars 2025. Nous voici à Mbome Ngwandang, village paisible du département du Moungo, où l’entreprise PHP est installée. Du moins, partiellement. Il est presque 10h du matin et la chaleur de cette journée dicte déjà sa loi. Les camions passent, transportant non seulement de la pouzzolane, mais aussi l’histoire de ce petit village et de ses habitants. Tout est vraisemblablement calme, en dehors des camions qui vrombissent çà-et-là. Mais, dans ce calme apparent, sommeille une colère enfouie dans les cœurs des populations. Ils se sentent trahis par le dispositif de redevance foncière mis en place conjointement par l’Etat du Cameroun et la PHP, qui leur semble « inéquitable » face aux bénéfices réalisés par la filiale locale de la Compagnie Fruitière.
Nous essayons de sillonner dans le secteur pour collecter les avis des familles concernées. Dans la discrétion, naturellement. Parce qu’ici, les autorités locales ne souhaitent pas se prononcer sur le sujet. Le risque est donc grand.
Nous tombons sur un riverain. Agé d’une soixantaine d’années, il décide de se confier à nous, mais sous anonymat. Il nous révèle que la PHP reverse annuellement une enveloppe creuse de 60 000 FCFA (91€) pour une superficie équivalente à un hectare, soit en moyenne 5000 FCFA (7€) par mois comme redevance foncière aux communautés locales touchées. Cette somme est considérée comme dérisoire par les communautés bénéficiaires, qui se sentent spoliées. « Nous sommes les propriétaires de cette terre, mais nous sommes traités comme des locataires », déclare-t-il, visiblement tourmenté.
« Vous voyez tous les terres de la PHP là. L’historique qu’on nous raconte, c’est que la PHP loue les terres à l’Etat du Cameroun. Et on nous dit que toutes les terres du Cameroun appartiennent à l’Etat. Et donc si vous voulez revendiquer, allez voir l’Etat du Cameroun. Ils ont pris ces terres à l’époque, ils ont signé qu’ils reversent une redevance foncière aux villageois, qui avaient été identifiés. Mais cette redevance est très faible. 60 000 FCFA pour un hectare de terrain par an. Et cette somme est reversée en deux tranches. 30 000 FCFA par semestre. C’est ça la réalité », confie-t-il. Et de poursuivre : « Ils disent que ce sont les accords qui avaient été signés. Dernièrement ils ont eu à revoir ces accords parce qu’ils étaient déjà caducs. Ils les ont renouvelés à notre insu. On nous a juste informé. Pourtant, nous étions en train d’écrire des lettres pour qu’on revoit à la hausse la redevance. Parce que même entre-nous villageois, on ne loue plus un hectare de terrain à 60 000 FCFA ». Ce sentiment d’injustice est partagé par la majeure partie des populations. Selon nos informations, toutes les démarches entreprises pour obtenir réparation sont restées vaines.
A la PHP, l’on apprend que la redevance foncière est fixée sur la base des accords préalablement signés entre l’entreprise et l’Etat du Cameroun. Un raisonnement qui entretient un climat de méfiance entre les communautés locales et la PHP.
Des besoins fondamentaux pour les communautés locales
Au-delà de la redevance foncière, les habitants de Mbome Ngwandang demandent à la PHP, la reconnaissance de leurs droits en matière de développement et la protection de leur espace vital. Ils souhaitent un soutien plus actif pour le développement, un accès à l’emploi, ainsi qu’une amélioration des infrastructures de services publics. Ces éléments, selon eux, sont cruciaux pour garantir une qualité de vie optimale aux riverains.
La rétrocession de certaines terres aux communautés fait également partie de leurs revendications. « Les gars veulent rentrer, mais ils n’ont pas où venir s’installer. Vous savez, au temps du maquis, les gens ont fui, pour aller s’installer en ville, et leurs terres ont été enrôlées par l’entreprise. Ngwandang était habité entièrement », nous confie sous cape un habitant du village.

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