
[Tribune] – À l’aube de l’élection présidentielle camerounaise de 2025, Maurice Kamto, figure emblématique de l’opposition politique, renouvelle sa volonté de briguer la magistrature suprême. Juriste international de renom, ancien ministre, intellectuel raffiné, Kamto semble incarner une alternative crédible au pouvoir vieillissant de Paul Biya.
Mais derrière ce vernis républicain et démocratique se cache une problématique plus profonde : Kamto est-il porteur d’un projet réellement émancipateur pour le Cameroun et l’Afrique ? Ou n’est-il que le prototype d’un leader afrofrancocolonisé, déconnecté des dynamiques panafricaines ?
1. Un parcours formaté dans les logiques néocoloniales
Kamto a été formé dans les écoles juridiques occidentales, principalement françaises. Il s’est illustré à la Cour Internationale de Justice lors du contentieux Bakassi, ce qui lui a valu un prestige international. Mais ce parcours révèle une internalisation des logiques occidentales du droit, de la gouvernance et de la diplomatie, sans remise en question des structures coloniales héritées.
Observation : À aucun moment Kamto ne s’est opposé aux accords de coopération militaire, monétaire (franc CFA), ou diplomatique qui lient le Cameroun à la France. Il demeure silencieux ou ambigu sur les outils de domination postcoloniale.
2. Une posture politique républicaine, mais non panafricaniste
Contrairement à des figures comme Thomas Sankara, Kémi Séba ou encore Aminata Traoré, Kamto ne développe aucun discours structuré autour du panafricanisme, de l’unité continentale, ou de la déconstruction du pacte colonial. Sa vision du changement se limite à une alternance de façade au sein du cadre néocolonial.
Il ne propose pas de rupture avec le franc CFA, ne remet pas en cause la présence militaire française en Afrique centrale, ni les accords léonins qui brident la souveraineté économique du Cameroun.
3. Une stratégie électorale motivée par la conquête du pouvoir, non par la refondation de l’État postcolonial
La récente relance de sa candidature pour 2025 semble répondre à une logique d’accession au pouvoir personnel plutôt qu’à une vision de refondation systémique.
Question clé : Que veut vraiment Kamto ? Gouverner dans le moule hérité, ou le briser pour libérer la nation ?
Son silence sur les luttes panafricanistes contemporaines, son absence dans les combats pour la souveraineté monétaire et culturelle, trahissent une volonté d’hériter du système, non de le transformer.
4. Kamto et la jeunesse africaine consciente : un fossé idéologique
La jeunesse panafricaniste qui se soulève à Dakar, Ouagadougou ou Bamako ne voit en Kamto ni un frère de lutte, ni un mentor. Il n’incarne pas cette volonté radicale d’émancipation totale. Son langage, son style, ses alliances suggèrent un ancrage profond dans les codes franco-africains, voire une soumission élégante au paradigme colonial.
Conclusion
Maurice Kamto, malgré ses compétences et son intelligence, incarne le prototype du leader afrofrancocolonisé : brillant mais déconnecté, légitimé par les institutions occidentales mais illégitime dans le cœur de la jeunesse africaine consciente. Il ne porte ni la voix des peuples, ni celle des opprimés du système colonial. Sa candidature à l’élection de 2025 ne s’inscrit pas dans un projet panafricaniste de libération, mais dans une tentative de restauration par substitution.
Recommandation à l’IEMAC/ICAWS
Il est essentiel que les intellectuels africains contemporains déconstruisent les figures de l’alternance trompeuse, et proposent un cadre critique pour évaluer les candidatures à la lumière des exigences de souveraineté, de dignité et d’unité africaine.
Par MPÉKÈ-NTONGA, IEMAC/ICAWS, 2025
L’institut des études du monde africain contemporain (IEMAC/ ICAWS) Yaoundé-Londres.

Grâce à des professionnels issus du monde des médias, des affaires et de la politique, mus par la volonté de fournir une information vraie, crédible et exploitable pour la valorisation de la destination Cameroun, Vitrine du Cameroun est devenu une plateforme de référence au Cameroun. Contacts : vitrineducameroun@gmail.com. – WhatsApp : +86 16695017248 ou +237 674 014 142