[Vitrine du Cameroun] – L’absentéisme dans la fonction publique camerounaise préoccupe de plus en plus les pouvoirs publics. Selon les derniers chiffres, 8 766 cas d’absences irrégulières ont été constatées au sein des effectifs de la fonction publique. Dans cet échantillon non négligeable, 7 133 personnels ont été incapables de lever les doutes qui pesaient sur eux et dont la solde est suspendue depuis lors. Dans une tribune parvenue à notre rédaction, l’Economiste et Logisticien des transports, Dr Onguéné Ateba pose son diagnostic et propose quelques pistes de sortie.
Pour un modèle de politique d’emploi dans la fonction publique du Cameroun versus présence aux postes
1- Une analyse rétrospective
Il faut se dire une chose c’est que la fonction publique ne créée pas de la valeur ajoutée. Nous trouvons les absences des agents de l’État aux postes comme une nouvelle ingénierie du travail à la fonction publique qu’il faut capitaliser.
En effet, toutes les vagues de recrutement depuis près de 20 ans aujourd’hui ont plutôt contribué à rendre paresseux certains agents de l’État et exploser le budget de fonctionnement du Cameroun dans sa masse salariale. Il y’a des années bien avant où on ne retrouvait pas trois à quatre personnes dans un même bureau. Pour satisfaire les populations, on a opté pour ce modèle.
Sauf que l’ergonomie au travail n’est pas de qualité et quand on a rien à faire, on ne développe pas son génie, on est paresseux et on ne se projette pas. C’est à ce niveau que la performance diminue. Autre chose, lorsque vous êtes agent de l’État pour des salaires de 120.000 à 140.000f, çà génère des absentéismes. Oui, c’est l’une des conséquences. L’Etat doit assumer, car il a opté pour un modèle de création de l’emploi par la fonction publique qui dans les théories de création des richesses ne créée ni biens et services marchands, ni valeur ajoutée.
2- Le modèle taylorien ou taylorisme remis en cause
Lorsque nous analysons l’efficacité et l’efficience aux postes à la fonction publique, nous constatons clairement que l’Etat s’intéresse au temps que les agents publics passeront au travail, au lieu de s’intéresser au temps qu’ils passeront à travailler. Et dans ce modèle, l’approche taylorienne est remise en cause.
L’observation qu’on en fait démontre qu’avec l’arrivée de la révolution numérique. Le travail selon Taylor dans la fonction publique s’est recentré sur nos téléphones. Avec autant de plateformes et réseaux sociaux, le temps que certains passent à naviguer sur leurs téléphones a davantage dépassé le temps qu’ils passent à travailler et ceci parce qu’ils sont oisifs.
L’Etat a donc là un indicateur qui lui permettrait de repenser son modèle d’emploi et de réduire ses dépenses salariales. Cet État doit donc faire une collecte des données statistiques et en faire un tableau de bord. Car, la chasse aux présences au travail risque aller à une triple démotivation pour les concernés. Que faire?
3- Un modèle optimal de gestion des absences à la fonction publique
Mise en place d’une subvention à l’absentéisme
Ces agents de l’Etat qui s’absentent cherchent certainement à combler les fins de mois au regard de leurs salaires minables. Sous d’autres cieux on dira qu’ils sont dans les champs. Même, les mieux lotis dans l’administration ont plusieurs postes et cumulent. Il faut plutôt les encourager à rester dans l’entrepreneuriat si c’est tant ce qui entraîne l’absentéisme.
C’est l’entreprise qui créée des emplois et des richesses. Un employé absent à son poste, dans son business crée un emploi au moins. Et donc, s’il a une subvention à l’absentéisme, il est plus utile et plus productif dans une économie informelle ou formelle actuelle. Autrement dit, il peut exercer deux jours au bureau et absent trois jours où il est dans son exploitation. Les résultats en termes de création de richesses, de recettes fiscales et autres vont se ressentir.
Un système de recrutement pour des départs en retraite à 45ans.
Dans ce modèle, l’État est moins asphyxié par sa politique de retraite. Ici, l’Etat peut cibler toutes les strates salariales. À 45ans, l’Etat ne vous donne pas une pension retraite, mais un fonds d’investissement pour vous lancer dans des affaires productives où la chaîne de valeurs de vos activités pourront attirer d’autres emplois. Car, à 45ans on n’est pas fragile, on peut développer des activités. En fait, l’Etat va créer là des business agents publics émérites ou des anciens agents publics émergents qui vont investir dans tous les secteurs de l’économie avec des exigences.
Diminuer les recrutements et revaloriser les salaires de ceux qui y sont.
Dans cette politique, on est certain que les hommes passeront plus de temps à travailler au lieu de passer le temps au travail. En réalité, c’est la performance des agents publics au travail qui sera retrouvée, mais aussi la maîtrise de la dépense publique.
C’est une mesure qui peut paraître de l’école des économistes conservateurs ou néo-libéraux, mais plutôt l’objectif est de motiver les uns et autres y compris l’Etat à créer un contexte qui va encourager l’entrée dans le monde de l’entrepreneuriat. S’installer à son propre compte. C’est ce modèle qui a fait les USA. American dream. On peut tout autant rêver de ce modèle…
Dr Onguene Ateba,
Economiste et Logisticien des transports
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