[Vitrine du Cameroun] – Des représentants de la communauté du canton Mvae-Mabi ont adressé une pétition au sous-préfet de l’arrondissement de Campo le 20 novembre dernier, dénonçant la violation de leurs droits par Camvert, ainsi que par les sociétés forestières Boiscam et Sofoni.
« Nous avons au fil du temps été abusés, méprisés, laissés pour compte et victimes de mensonges et promesses bien élaborées […] », déclarent les signataires. Ils reprochent à Camvert la violation des « droits de la communauté riveraine Mvae-Mabi, le non-respect des obligations préétablies du cahier de charges, le non aboutissement du Plan de Travail Annuel (PTA) de l’exercice 2023, la non existence du PTA de l’exercice 2024, le trafic d’influence sur les autorités traditionnelles, l’irresponsabilité notoire dans la prise en charge des accidents de travail, la dégradation de l’écosystème »
La pétition demande de « revoir d’urgence les conditions de collaboration et de faciliter la résolution de cette situation catastrophique » et enfin de mettre en place « une plateforme d’échanges entre les parties prenantes dans les plus brefs délais ».
« L’arrivée de Camvert avait été perçue par certains comme une opportunité pour le développement local de Campo. Espoirs brisés, ce rêve s’est rapidement transformé en cauchemar et les communautés aujourd’hui affirment qu’il s’agit d’une société capitaliste devenue source de misère et de pauvreté continue pour elles. Depuis le début des travaux de Camvert, les communautés se plaignent du non-respect des cahiers de charge » affirme Sylvie Michele Ongbassomben, Responsable de la campagne forêt chez Greenpeace Afrique
Rappelons qu’il y a deux ans, celles-ci avaient demandé la révision des cahiers des charges, une demande qui n’a pas été prise en considération. Camvert continue de violer la loi et les droits des communautés en ne s’acquittant pas du paiement de la redevance foncière. L’art. 17 du Décret n° 76-166 du 27 avril 1976 fixant les modalités de gestion du Domaine National dispose que “les revenus tirés de l’attribution des parcelles du domaine national soit à titre de concession, soit à titre de bail, sont répartis à raison de 40% à l’Etat, 40 % à la Commune du lieu de situation du terrain, et 20% à la Collectivité villageoise intéressée pour une réalisation d’intérêt”.
« Selon les communautés, le plan de travail annuel (PTA) de 2023 qui avait été établi n’a pas été respecté et, fait étrange, celui de 2024 n’a pas encore été élaboré bien que nous soyons à moins d’un mois de la fin d’année. Depuis le départ, c’est un marché de dupes qui a été organisé par Camvert dont la présence n’a fait que détériorer les conditions de vie des populations » ajoute Sylvie Michele Ongbassomben.
« Depuis deux ans, il n’y a pratiquement pas de communication entre Camvert et les communautés riveraines. Tant qu’un dialogue transparent ne sera pas ouvert, les communautés continueront à s’exprimer publiquement à travers des pétitions. Il faut urgemment créer un cadre de concertation régulier entre Camvert et les communautés locales qui siégera tous les trois mois au moins pour discuter de l’état d’avancement des réalisations du cahier de charges et faire pression pour que celui-ci soit respecté », souligne Majesté Abel Mvondo Medjo, chef de 3ème degré du village Doum Essamebenga dans l’arrondissement de Campo.
« Cette situation n’a que trop duré. Nous interpellons le gouvernement et les autorités administratives locales concernées, tous t très investis dans la protection des investissements de Camvert, à prendre aussi des mesures pour la protection des droits et intérêts des communautés riveraines », conclut Sylvie Michele Ongbassomben.
Camvert SA est installée à Campo, dans la région du Sud depuis 2019. En mars 2022 elle a reçu, dans des conditions peu claires, une concession provisoire qui s’étend sur plus de 40 000 hectares. Un projet qui a contribué fortement à la violation des droits des communautés autochtones et locales et riveraines dont la survie dépend essentiellement de la forêt. C’est aussi une arme de destruction massive de la biodiversité que le Cameroun s’est pourtant engagé à préserver.
Ces dernières années, les populations riveraines ont également connu plusieurs visites inopportunes d’animaux en divagation à cause de la destruction de leur espace vital.
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