
[Vitrine du Cameroun] – Les procureurs et représentants de douze pays africains, dont l’Éthiopie, l’Algérie, la République démocratique du Congo, l’Égypte, le Kenya, le Maroc, le Mozambique, le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe, ont pris part au Forum de coopération Chine–Afrique des procureurs, ouvert le 29 octobre 2025 à Guangzhou, dans la province chinoise du Guangdong. Le thème du forum portait sur le « rôle du ministère public dans la modernisation du système judiciaire en Chine et en Afrique »
Le forum vise à renforcer la collaboration entre la Chine et les pays africains dans le domaine judiciaire et à consolider un partenariat plus large, fondé sur la coopération politique, économique et institutionnelle. Ce forum intervient dans le cadre de la mise en œuvre des mesures de suivi du dernier FOCAC. Le premier forum sur la coopération judiciaire s’était tenu en juillet 2025 à Changsha et avait réuni les représentants de 26 pays africains ainsi que leurs homologues chinois. Il avait été suivi d’un autre séminaire Chine-Afrique sur le droit et le commerce, qui s’était tenu, toujours en juillet 2025, à Xiangtan, et portait sur les litiges internationaux en matière d’investissement et de commerce.
Durant cette seconde édition, plusieurs représentants africains ont pris la parole, dont la procureure générale éthiopienne, Hanna Araya-Selassie, qui a souligné l’importance de l’indépendance des procureurs, de la recherche de la vérité et d’une justice équitable, piliers essentiels pour atteindre l’Objectif de développement durable n° 16 des Nations unies sur la paix, la justice et des institutions solides. Un commentaire qui vaut son pesant d’or dans un contexte où la justice chinoise et celle de plusieurs pays africains sont souvent accusées de manquer d’indépendance et de transparence.
De son côté, Chen Wenqing, secrétaire de la Commission des affaires politiques et juridiques du Comité central du Parti communiste chinois, a rappelé que l’État de droit constitue une base de la modernisation et de la stabilité nationales. Le forum devrait approfondir la compréhension mutuelle et renforcer la coopération judiciaire au sein du partenariat Chine-Afrique.
Ce forum se tient dans un contexte général où l’intensification de l’engagement de la Chine en Afrique s’accompagne de son lot d’externalités sociales et juridiques, qui nécessitent une approche concertée pour les traiter. Au cours des dernières années, des arrestations de ressortissants chinois pour des activités illégales telles que l’escroquerie en ligne, la prostitution ou les jeux clandestins se sont multipliées.
Ces individus, dans de nombreux cas, sont simplement expulsés sans procès et rapidement remis en liberté à leur retour en Chine. Rares sont ceux qui sont jugés, condamnés et purgent leur peine en Afrique — une situation rendue possible autant par l’absence de cadre formel de coopération judiciaire entre la Chine et les pays africains que par la volonté politique des autorités africaines de ne pas frustrer les autorités chinoises en incarcérant des ressortissants chinois en Afrique.
Il convient de noter que, jusque-là, rien n’indique que ces pays sont mis sous pression pour libérer des ressortissants chinois arrêtés pour des activités illégales.
Pékin, qui souhaite rendre ses liens économiques avec l’Afrique plus stables et prévisibles – négociation d’un partenariat économique plus large et global qui augmenterait les investissements réciproques entre les deux régions – ne peut ignorer ces défis.
Un tel cadre permettrait de mieux encadrer les procédures judiciaires transnationales et de garantir un traitement équitable et transparent aux citoyens et aux entreprises des deux parties. En matière d’investissement, le lancement et la participation des pays africains à l’Organisation internationale pour la médiation (IoM) relèvent de ce cadre.
Finalement, la tenue répétée de ces forums multisectoriels depuis le FOCAC 2024 en dit long sur l’agenda de la Chine en Afrique. Elle ne se contente plus d’investir dans les routes et les mines d’Afrique ; elle investit désormais dans les règles et normes.









