
[Vitrine du Cameroun ] – Le Cameroun, carrefour stratégique et économique de l’Afrique centrale, est en passe de devenir un véritable bastion de l’intelligence économique (IE). Longtemps perçue comme un domaine ésotérique ou l’apanage des grandes puissances, l’IE se déploie désormais avec une vigueur nouvelle au sein des entreprises, des pouvoirs publics et des institutions éducatives du pays, marquant une avancée majeure dans la quête de souveraineté et de compétitivité nationale.
Les entreprises : du territoire inconnu au champ de manœuvre éclairé
Au sein du secteur privé camerounais, la prise de conscience de l’urgence de l’IE se traduit par une mutation des mentalités. Jadis, de nombreuses PME et grandes entreprises naviguaient à vue, confrontées à l’opacité des marchés, aux menaces de concurrence déloyale et aux risques d’ingérence. Aujourd’hui, on observe une professionnalisation croissante des démarches de veille stratégique depuis la conférence du Dr Guy Gweth, président du CAVIE au GICAM (désormais GECAM) le 8 novembre 2019 et la signature d’un partenariat stratégique entre le CAVIE et le GICAM.
Les directions générales intègrent de plus en plus la notion de veille comme un pilier fondamental de leur croissance. Des cabinets spécialisés tels que Knowdys Cameroun, leader du segment, émergent, offrant des services de cartographie des acteurs, d’analyse des opportunités et de protection du patrimoine informationnel.
L’entreprise camerounaise avisée n’est plus une citadelle assiégée mais un poste d’observation avancé, capable de décrypter les signaux faibles et de lancer des offensives ciblées. La survie dans un environnement globalisé exige une guerre de l’information permanente, où chaque donnée collectée et analysée devient une munition pour la prise de décision.
Les pouvoirs publics : du réactif au proactif, un changement de paradigme
Au niveau étatique, le Cameroun a entamé une révision profonde de son approche en matière de sécurité et de prospérité nationales. Conscients que la puissance économique est indissociable de la maîtrise de l’information stratégique, les pouvoirs publics ont commencé à structurer des cellules dédiées à l’IE. Il ne s’agit plus seulement de défense passive face aux menaces, mais d’une posture proactive visant à identifier les avantages comparatifs, à promouvoir les intérêts nationaux sur la scène internationale et à anticiper les chocs économiques.
Cette « militarisation » de la pensée économique se traduit par une volonté d’outiller l’appareil d’État en méthodes de guerre économique, afin de passer d’une logique de réaction à celle d’anticipation et d’influence. Le renseignement économique devient une composante essentielle de la diplomatie et de la stratégie de développement, aux yeux des décideurs, comme s’apprêtent à le traduire la stratégie nationale et la politique publique d’intelligence économique tant attendues.
Dans les écoles : il faut forger les officiers de la guerre économique
Les institutions académiques et de formation supérieure du Cameroun ont un rôle capital à jouer dans cette percée. La formation des futurs cadres et dirigeants à l’intelligence économique est primordiale pour doter le pays d’une armée d’experts capables de mener ces batailles informationnelles. Des programmes spécialisés émergent, intégrant les notions de veille concurrentielle, de protection des données sensibles, de lobbying et d’influence, mais ils restent mous et par trop influencés par l’étranger.
Les étudiants gagneront davantage à être formés non seulement à l’analyse économique classique, mais aussi aux techniques d’investigation open source, à la cybersécurité et aux stratégies d’anticipation selon l’approche développée par le CAVIE. Ce faisant, ces écoles deviendront des académies où se forgent les « officiers » de la guerre économique camerounaise, armés pour défendre les intérêts nationaux et conquérir de nouveaux territoires économiques.
Le CAVIE et la DGRE : l’attelage qui redéfinit l’intelligence économique
Après une décennie de labeur acharné, jalonnée par la production de connaissances de pointe, le renforcement des capacités et la création de dispositifs de veille, d’intelligence économique et de due diligence rigoureusement adaptés aux besoins locaux, l’expertise du CAVIE a atteint un niveau de reconnaissance sans précédent. Ce couronnement est symbolisé par son partenariat structurant avec les services de défense et de sécurité de l’État.
Aujourd’hui, le Dr Guy Gweth, figure tutélaire de l’intelligence économique africaine et président du CAVIE, est devenu l’instructeur attitré de la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE). Cette désignation n’est pas anecdotique ; elle marque un tournant historique. Il est désormais chargé d’outiller les cadres et agents de la DGRE en méthodes et outils de guerre économique, suivant le triptyque éprouvé du CAVIE : défense, attaque, influence.
De cet attelage stratégique, alliant l’expertise académique et opérationnelle du CAVIE à la puissance d’action de la DGRE, partent désormais l’esprit, le cœur et les lignes de force de la véritable intelligence économique camerounaise. Cette alliance incarne une vision nouvelle : celle d’un Cameroun résolument engagé dans la guerre économique mondiale, non plus en victime, mais en acteur stratégique, capable de défendre ses acquis, d’attaquer les opportunités et d’exercer une influence déterminante sur son destin économique. C’est une ère nouvelle qui s’ouvre au pays des Lions indomptables, celle de la souveraineté par la connaissance et l’action.







